Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
337
h. taine. — géographie et mécanique cérébrales

-même par rapport aux centres locaux. — Au-dessus d’elle, à la base de l’encéphale, un autre groupe d’organes, les pédoncules cérébraux, les couches optiques et les corps striés, forment un centre distinct, en partie sensitif, notamment dans les couches optiques, en partie moteur, notamment dans les corps striés. Considéré dans son ensemble, ce groupe est le ministère suprême, et il a le précédent pour subordonné. Outre les informations que lui transmet la moelle allongée, il reçoit les renseignements qu’apportent les deux premières paires de nerfs crâniens, olfactifs et optiques ; ainsi toutes les impressions sensitives se réunissent dans ses bureaux, et, de plus, par la moelle allongée, il expédie des impulsions dans tous les nerfs moteurs. — Au-dessus de lui, dans l’écorce cérébrale, siège le souverain : là est la dernière étape des informations ; là, les nouvelles incessantes du présent rencontrent les archives bien classées du passé ; de là partent, par plusieurs points récemment découverts[1], les premières injonctions motrices. — Enfin, à la portion postérieure de l’encéphale est un troisième centre, le cervelet, supérieur aussi, mais d’espèce particulière : il n’est subordonné qu’au souverain et collabore avec lui à peu près comme un chef d’état-major avec son général ; il est informé en même temps que le général, mais par d’autres voies ; quand l’écorce cérébrale commande un mouvement à quelque groupe musculaire, le cervelet commande du même coup aux autres groupes musculaires les contractions complémentaires ou compensatrices qui pendant le mouvement maintiendront le corps entier en équilibre, et sans lesquelles l’exécution de l’ordre envoyé d’en haut n’aurait ni sûreté ni précision.

Ainsi, dans le même tronc nerveux, de la racine postérieure à la racine antérieure, la communication se fait par quatre voies, et le circuit par lequel l’impression sensitive se convertit en impulsion motrice est d’autant plus long qu’il passe par un centre hiérarchique plus élevé. — Tantôt, de la racine postérieure, le courant va directement à la racine antérieure, comme on l’a vu dans le tronçon de grenouille dont la patte irritée se déplace pour fuir la cause d’irritation. — Tantôt, de la racine postérieure, le courant remonte jusqu’à la moelle allongée et en redescend jusque dans la racine antérieure ; c’est le cas du lapin décapité ou du rat à qui l’on a coupé les pédoncules cérébraux au-dessus de la protubérance. — Tantôt, de la racine postérieure, il remonte dans la moelle allongée, puis dans les ganglions de la base, pour redescendre dans la moelle allongée, puis dans la racine antérieure ; c’est le cas pour les animaux à qui

  1. Ferrier, les Fonctions du cerveau, traduit par H. de Varigny.