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REVUE DES PÉRIODIQUES




LA FILOSOFIA DELLE SCUOLE ITALIANE

Le 1er numéro de cette année (février 1878) annonce des changements notables. A M. Mamiani s’adjoint pour la direction de la Revue M. Ferri, bien connu de nos lecteurs. La rédaction modifiée promet de s’occuper plus activement de l’enseignement philosophique dans les universités italiennes, de multiplier ses analyses et comptes-rendus, de tenir ses lecteurs au courant des productions de l’école « empirique » et d’accorder aux travaux de psychophysique une attention toute particulière. Elle paraît décidée à étendre l’horizon de la Revue et à introduire de plus en plus l’école Platonicienne qu’elle représente dans les discussions qui sont à l’ordre du jour dans le reste de l’Europe. Nous la félicitons de ces desseins et nous empressons de constater que la Filosofia delle scuole italiane a déjà réalisé en partie les changements qu’elle annonce.

M. Mamiani se demande si le Beau est progressif ? Le beau fait partie selon lui avec le vrai, le bien, le juste et le saint des cinq entités primordiales irréductibles entre elles. En tant qu’entité primordiale, il ne peut se définir. C’est un caractère des choses sui generis, on ne peut énoncer à son sujet que des propositions négatives. 1° Il n’est ni qualité sensible ni matière, c’est cette lumière qui se reflète sur la matière, lumière si peu sensible et corporelle que plus elle est abondante et éclatante, moins elle enflamme l’appétit et plus elle excite l’intelligence. 2° La beauté qui se manifeste sous tant d’aspects divers : beauté des formes et des couleurs, beauté du système et du son, beauté intellectuelle, beauté morale, ne peut être ramenée exclusivement à aucune de ces formes particulières ; elle est supérieure en soi à chacune de ses manifestations. Une notion un peu plus positive nous sera fournie sur le beau, si nous remarquons que les choses simples, les éléments séparés des choses ne nous en donnent pas l’idée, mais au contraire les combinaisons, les rapports, les agencements plus ou moins complexes. Mais cette sorte de rapports est encore sui generis et ne ressemble à aucune autre. — On comprend qu’une nature aussi mystérieuse et suprasensible ne saurait être soumise au changement. Elle ne progresse pas plus en soi que l’infini dont elle est l’image. Mais l’âme humaine est de plus en plus profondément remuée par l’enthousiasme que le beau suscite en elle, et à mesure qu’elle se développe dans le temps elle goûte mieux la vraie beauté. L’expérience de l’humanité croissant aussi de jour en jour, de nouveaux points de comparaison lui sont offerts pour apprécier les chefs-d’œuvre, et de nouveaux moyens d’ac-