Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
revue philosophique

de l’équivalent mécanique de la chaleur que s’élève la théorie de l’unité des forces.

D’après cette théorie, il n’y a pas équivalence uniquement entre la chaleur et le mouvement, mais encore tous les agents physiques sans exception. Il y a donc à la fois corrélation qualitative et quantitative des forces : de là à concevoir l’unité des agents physiques, il n’y a qu’un pas. Mais quelle est cette force unique dont toutes les espèces physiques ne sont que des transformations ? C’est le mouvement, qui, d’une part, peut être conçu comme contenant toutes les autres espèces, qui, d’autre part, est plus facile à mesurer que celle-ci, qui enfin explique non-seulement les phénomènes mécaniques (mouvement de translation), les phénomènes calorifiques (mouvement moléculaire), les phénomènes acoustiques (mouvement vibratoire), mais encore, grâce à l’hypothèse de l’éther, la lumière, l’électricité et le magnétisme.

Mais qu’est-ce que le mouvement ? le définira-t-on par la force ? ce serait un cercle, car la physique, comme la mécanique, ne définit la force que par le moyen du mouvement. Or est-ce la matière qui se donne à elle-même le mouvement, ou le reçoit-elle, à titre de dépôt, ou le mouvement enfin ne serait-il qu’une apparence ? de tout cela la physique ne nous dit rien. Consultons la chimie à qui il appartient principalement de résoudre le problème de la constitution de la matière.

La chimie moderne, dont M. Dauriac rappelle brièvement les origines, repose sur les idées d’affinité et d’atome. — L’affinité est corrélative des forces physiques, elle produit (ici se trouvent citées de nombreuses expériences à l’appui) le mouvement, la chaleur, l’électricité, la lumière, le magnétisme, et réciproquement le mouvement, la chaleur, qui opèrent des actions chimiques, déterminent la manifestation de l’affinité. À la corrélation qualitative des forces physiques et chimiques se joint leur corrélation quantitative. Ainsi, on sait qu’une relation de quantité constante (Dulong, Petit, Neumann) existe entre les affinités des corps et la chaleur dégagée pendant la combinaison : il est aisé d’en conclure l’équivalent mécanique de l’affinité. Toutefois, si les phénomènes chimiques sont corrélatifs des phénomènes physiques, ce n’est pas à dire qu’ils s’y ramènent. Berzelius, par exemple, a échoué dans la tentative qu’il a fait d’expliquer l’affinité par l’électricité (électro-chimie). La cause de l’affinité paraît être la même que celle de la gravitation, de la cohésion, de l’électricité et en général des forces. attractives. Or cette cause, suivant une conjecture plausible de Secchi, est dans le mouvement des atomes éthérés. Dès lors la notion d’affinité vient se résoudre dans celle du mouvement ; — quant à l’atome, son existence se fonde sur une loi expérimentale, la loi des proportions multiples. De plus, la théorie de l’atomicité, c’est-à-dire de la capacité de fixation des atomes, introduit dans la science une classification aussi simple qu’ingénieuse, à savoir la classification des métalloïdes par types, en trois familles, enfin la conception de l’atome concorde avec les théories de la physique. Car, pour le physicien, le corps se