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distinguer des émotions esthétiques particulières, en rapport avec les différentes fonctions de ces deux organes principaux. La beauté des formes (beauté plastique, beauté du rhythme), la beauté des tons (couleurs, mélodie), la beauté des mouvements (la grâce, l’expression musicale), voilà les trois objets principaux de notre admiration.

6o Enfin les émotions intellectuelles se partagent aussi en deux classes principales, selon les deux fonctions principales de l’esprit, à savoir, la mémoire et l’association, car nous distinguons, par exemple, les plaisirs de la lecture, et d’autres modes de l’acquisition des connaissances, de ceux qui accompagnent la réflexion et l’activité constructive de l’esprit.


Nous regrettons beaucoup que ni le temps ni le caractère de cet article ne nous permettent d’entrer dans le détail de la différenciation des plaisirs et des peines, d’après les principes que nous avons indiqués plus haut. Nous remettons ce travail à une autre fois et nous croyons avoir rempli la tâche modeste que nous nous sommes proposée, en indiquant au moins les principes généraux de l’évolution de la sensibilité, que nous avons en outre tâché de rendre explicites par une série d’exemples. Il nous suffit à présent de rappeler brièvement les résultats auxquels nous avons été conduits. Notre travail personnel ne contient qu’un essai, et les détails de notre analyse peuvent très-vraisemblablement contenir un nombre plus ou moins grand d’erreurs et de malentendus. L’idée principale de ce travail était de montrer seulement les voies que la science future des sentiments doit prendre, pour arriver à des résultats féconds.

Résumions donc les conséquences générales de cette idée plutôt que les conséquences particulières de son exécution approximative dans notre propre analyse.

Les voici :

1o La première tâche de la science future de la sensibilité consistera à faire une embryologie générale du plaisir et de la peine. La distinction du caractère positif et négatif de ces deux phénomènes simples, doit servir de point de départ à cette embryologie, car ce sont là les seuls modes de la sensibilité qui soient absolument irréductibles les uns aux autres. Comme on peut imaginer des organismes primitifs qui ne sont susceptibles que de ces quatre modes différents de sentir, il faudra définir avant tout de quelle manière ces derniers ont pu se différencier en d’autres modes simples de la sensibilité, variés en qualité et en nombre pour les espèces différentes d’orga-