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mais nous devons renoncer pour le moment à leur analyse pour ne pas dépasser les limites que nous nous sommes posées. Remarquons encore que nous entendons par l’association des émotions simples non-seulement les combinaisons directes entre les états de conscience dont il s’agit, mais celles-là aussi qui sont fondées sur des dissociations préalables et qui peuvent être nommées indirectes.

V


Pour pouvoir distinguer les plaisirs et les peines primitives ou simples d’avec celles qui sont d’une origine secondaire, il faut songer toujours aux principaux caractères qui leur sont propres, à savoir :

1° Qu’elles n’accompagnent que les changements actuels qui s’opèrent dans l’organisme.

2° Qu’elles sont dépourvues de toute conscience de la cause objective, interne ou externe, qui a donné l’impulsion à ces changements et qui a fait naître par cela même une émotion quelconque.

Nous avons vu dans les chapitres précédents qu’il y a quatre espèces de sentiments primitifs, qui accompagnent les changements qui s’opèrent dans l’activité de l’organisme. Et nous les avons définies par les expressions plaisirs positifs et négatifs, peines positives et négatives. Nous dirons un mot encore sur l’expression négatifs. Nous ne voulons pas dire par là qu’il y ait des états de conscience qui expriment quelque négation, ce serait absurde. Notre intention était seulement de tirer une ligne de démarcation entre les émotions qui ont pour base l’activité de quelque organe de la vie animale de l’individu et celles qui suivent le repos de ces mêmes organes. Mais comme l’activité animale est ordinairement accompagnée d’une suspension des processus organiques ou végétatifs qui ont pour but la restauration des tissus, et comme d’un autre côté le repos animal est accompagné au contraire d’une activité organique renouvelée et d’autant plus forte que le travail animal précédent a été intense, on pourrait, du point de vue de la vie végétative de l’organisme, nommer les prétendus plaisirs positifs des plaisirs négatifs et vice versa. La même chose soit dite des peines. Il y a donc deux espèces de plaisirs et deux espèces de peines : il y en a qui accompagnent l’activité animale et en même temps le repos des processus végétatifs ; il y en a d’autres qui accompagnent au contraire l’activité végétative avec le repos animal. La différence du plaisir et de la peine provient dans le premier cas