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+ Pn. Le désespoir.

— PI. Le calme, la conscience de la sûreté rétablie.

Que les émotions de l’espérance aient été primitivement le résultat direct d’une harmonie complète des fonctions respiratoires, cela pourrait sortir de l’analyse des émotions que nous ressentons au printemps, quand nous sortons de l’atmosphère étouffante des chambres pour respirer les émanations salubres des plantes qui se réveillent. La nature subjective de ces émotions (qui ont pour cause organique la facilité inattendue qui accompagne notre respiration) est la même que celle des émotions de l’espérance et il n’y aurait rien d’invraisemblable à supposer que les premières constituent le fondement physiologique des secondes. Ce n’est pas autant le fait objectif de quelque plaisir futur qui donne l’origine aux joies de l’espérance (comme le croit Spinoza)[1], que la conscience subjective des jouissances présentes qui donne lieu à une illusion psychique, à savoir la croyance que ces jouissances se prolongeront à l’infini. Or, cette illusion ne peut être fondée que sur les causes organiques que nous venons d’indiquer.

II. Parmi les « sentiments d’irascibilité qui accompagnent l’assimilation de la matière organique et qui doivent seconder la lutte pour l’existence, la conquête de la nourriture », on pourrait distinguer :

— Pn. La faim, la colère (la haine), comme les deux aspects différents du même état de conscience.

+ PI. La satisfaction de l’une et de l’autre ; le contentement, l’apaisement, la satiété.

+ Pn. Le dégoût (aussi bien physique que moral), l’antipathie.

— PL Le sent, d’harmonie rétablie ; sentiment de réconciliation, de pardon ; la bonté, la clémence.


Il est curieux de noter que les deux derniers sentiments se manifestent le plus souvent après un bon repas, comme s’ils étaient la conséquence nécessaire de l’apaisement de la faim.

III. Les « sentiments de tendresse qui accompagnent le contact organique et qui constituent la première condition de la vie sociale, de la conservation de l’espèce », comprennent les moments suivants :

— Pn. l'affliction, la tristesse, provenant d’une séparation forcée entre deux êtres qui s’aiment.

  1. Il y a même une contradiction évidente à parler d’un sentiment agréable dû à un plaisir futur. L’essentiel de la jouissance est son actualité.