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grote. — classification nouvelle des sentiments

a. Excès de force, excès d’activité : plaisirs positifs.

b. Défaut de force, excès d’activité : douleurs positives.

c. Excès de force, défaut d’activité : douleurs négatives.

d. Défaut de force, défaut d’activité : plaisirs négatifs.


Ces schèmes pourraient être considérés comme représentant les formides suivantes, qui expriment les lois fondamentales de la sensibilité subjective :


a. Quand l’excès d’activité est précédé d’un excès latent de force, il s’ensuit le sentiment de plaisir positif.

b. Quand l’excès d’activité est précédé d’un défaut relatif de force latente, il s’ensuit une douleur positive.

c. Quand le défaut d’activité est précédé d’un excès latent de force, il en résulte une douleur négative.

d. Quand le défaut (l’arrêt) de l’activité arrive au moment où il y a défaut de force, il en résulte un plaisir négatif.


Ces quatre lois ne supposent pas seulement des rapports précis, entre le degré de force et celui d’activité, mais aussi une suite régulière des différents états de sensibilité que nous avons nommés. Il est évident qu’un plaisir négatif ne peut se réaliser qu’à la suite d’une peine positive, qu’une peine négative doit être suivie du plaisir positif qui est sa compensation. Aussi peut-on établir une suite constante des états indiqués, pour les cas où la sensibilité passe par toutes les phases consécutives de son développement régulier. Voici cette suite :

1° Peine négative (besoin, privation) ;

2° Plaisir positif (plaisir, jouissance) ;

3° Peine positive (fatigue, douleur) ;

4° Plaisir négatif (repos, soulagement).

Il y a certainement des cas plus ou moins anormaux, où les changements ne suivent pas cette ligne de développement légitime, où il y a défaut de certains moments ; comme quand le plaisir, par exemple, arrive inopinément, sans avoir été précédé d’une peine négative, d’un besoin ; quand la peine positive provient d’un accident, sans avoir été préparée par un excès d’activité et par le plaisir qui l’accompagne. Mais toutes ces anomalies tiennent seulement à ce que certains anneaux de la chaîne font défaut ; l’ordre des moments n’est jamais interverti : on peut toujours supposer les moments qui manquent comme sous-entendus, comme n’ayant pas eu le temps ou le moyen de devenir états conscients, car une peine positive qui arrive à la suite d’une autre peine, nous trouve généralement insensibles ; l’activité qui n’est pas précédée d’un excès latent