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du livre de M. Dumont. Nous ne ferons que nous arrêter, pour le but que nous poursuivons, sur quelques points généraux de son système.

M. Dumont divise les plaisirs en positifs et négatifs, suivant qu’ils résultent d’une augmentation d’excitation ou d’une diminution de dépense (p. 123). Nous acceptons cette première différenciation. Mais quant aux distinctions entre les douleurs positives et négatives, nous ne trouvons pas juste la correction qu’a voulu faire l’auteur à la théorie de son prédécesseur, M. Herbert Spencer. M. Dumont pense que la douleur ne peut accompagner qu’une diminution de force, et qu’il serait faux de regarder les peines comme le résultat d’une part de la négation, d’autre part de l’excès d’activité (ib., p. 123). Mais la définition qu’il nous donne lui-même contient une tautologie évidente. Au point de vue de la relativité des sentiments, qu’il défend dans un autre chapitre, l’expression « excès de dépense » (peines positives) peut être envisagée comme équivalant à celle « d’insuffisance de réparation » (peines négatives). La douleur qui tient à ce que nous perdons trop de force est évidemment la même, au point de vue psychologique, que celle qui consiste à n’en pas recevoir assez. C’est une double manière d’exprimer le même fait : le point de vue est dynamique dans la première définition, statique dans la seconde ; on pourrait dire que c’est le côté positif et négatif du même phénomène, qui est exprimé dans ces deux formules, et c’est probablement ce qui a induit M. Dumont en erreur. Aussi croyons-nous qu’il serait plus juste de conserver la définition de M. H. Spencer, qui fait provenir la douleur négative de l’inaction, la douleur positive de l’activité excessive, et cela d’autant plus que la distinction des plaisirs, faite par Dumont, est fondée sur le même principe : la diminution de dépense (plaisirs négatifs) équivaut à l’inaction, l’augmentation d’excitation (plaisirs positifs) indique l’activité excessive. Nous proposons donc de modifier la théorie de Dumont sur ce point, en la réduisant à ce qui suit :

Les plaisirs et les peines peuvent également provenir d’une négation, d’un défaut, aussi bien que d’un excès d’activité.

Le point de différence entre les premières et les secondes dépend des conditions où se trouve le milieu actif, lorsque commence l’activité : l’état de ce milieu peut varier entre le défaut et l’excès de force.

Ce sont les différents rapports de l'état de force à l'état d’activité qui constituent les différentes classes de phénomènes de la sensibilité subjective, que nous proposons d’exprimer par les schèmes suivants :