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wundt. — sur la théorie des signes locaux

tirer aucune grandeur réelle. Je réponds par une comparaison : à des fonctions dont les éléments isolés sont exclusivement des zéros, par exemple 0/0 ou 0, peuvent néanmoins correspondre des valeurs réelles. Du reste, il ne s’agit pas du tout de faire sortir l’espace du néant. Il s’agit uniquement de savoir si la commune action de sensations de mouvement et de signes locaux contient des germes d’ordre extensif qui n’apparaissent pas encore dans chacun de ces éléments pris à part. La supposition fondamentale n’est donc autre que celle de la théorie des signes locaux simples. Dans les deux cas, on est en quête de germes qui mènent à l’ordre extensif des sensations. La théorie des signes locaux simples partant de présuppositions spéculatives imagine pour y parvenir un système unique et suffisant a priori de sensations ; la théorie de la synthèse d’association, se réglant sur l’expérience, utilise les deux systèmes de sensations qui agissent de concert pour toute notion extensive et dont l’influence simultanée ressort clairement de nombreuses expériences.

Les composantes d’une notion extensive influent les unes sur les autres, et nous devons chercher à nous rendre clairement compte de cette influence. En introduisant pour chacune de ces composantes et puis pour la notion qui en sort leur expression générale mathématique, nous devons nous tenir en garde contre un malentendu et avertir que nous ne prétendons nullement opérer sur des idées abstraites dans une question de psychologie. Pour rendre les choses sensibles, notre intention est de recourir à un procédé géométrique qu’un a appliqué sans se heurter à aucune contradiction au système des sensations de couleur, de lumière, de tact, pour les exposer d’autant mieux. Si l’on nous permet d’exposer un système de sensations sous une forme géométrique ou, pour nous exprimer plus généralement, sous la forme d’une multiplicité extensive, on ne nous défendra pas de nous demander comment se comportent l’un envers l’autre deux systèmes de sensations (ou leurs multiplicités extensives) qui, selon ce que nous enseigne l’expérience, exercent une action commune dans un cas donné.

Si l’on veut se rendre compte à l’aide des signes locaux de la rétine de la fixation des notions acquises pendant le mouvement, il convient de considérer les signes locaux de la rétine comme une multiplicité à deux dimensions par analogie avec le système des couleurs. Par contre, les sensations de mouvement ne nous offrent aucune espèce de multiplicité qualitative, mais en revanche une gradation intensive très-exacte, chaque fois suivant l’étendue du mouvement. Nous pourrons donc les considérer avec beaucoup de vraisemblance comme une multiplicité à une seule dimension. L’aperception super-