Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
revue philosophique

manifeste sous les trois formes de la substance, de la notion et de l’objet. — Nous avouons ne pas trouver grand profit aux subtiles analyses de l’auteur.

Ulrici : Le Principe de l’évolution comme principe philosophique.

Le mot d’évolution est aujourd’hui dans toutes les bouches : il importe de soumettre à l’analyse l’idée qu’il représente. Nous poserons trois questions à Spencer : Quel est le sujet de l’évolution ? Comment se fait-elle ? Quel en est le terme ? On ne peut refuser de répondre à la troisième question, pas plus qu’aux deux autres. Une évolution sans terme est un non-sens, comme un nombre infini. — Selon Spencer, le sujet de l’évolution, c’est l’être absolu ; mais l’absolu échappe entièrement à la connaissance. N’y a-t-il pas contradiction à en parler alors ? — L’absolu ne nous est connu, dit le métaphysicien anglais, que par ses manifestations et les lois qui les régissent : et la première de ces lois, c’est celle de l’évolution, dont les formes essentielles sont la différenciation et l’intégration. Mais comment ériger en lois nécessaires des principes que l’expérience seule est autorisée à nous fournir ? — Le terme, enfin, de l’évolution, c’est, dit-on, l’équilibre final et la cessation du mouvement. Est-ce là une raison suffisante pour expliquer l’évolution ? E.-L. Fischer s’est fait en Allemagne le représentant de la doctrine de Spencer. Ulrici lui reproche de n’avoir pas mieux démontré que son maître que le principe de l’évolution suffise à rendre compte de la vie psychologique tout entière. Le socialisme intempérant de L. Jacoby, un autre partisan de l’évolution, n’est pas fait pour contribuer au triomphe de la philosophie nouvelle.

Eug. Dreher : Essai d’explication des perceptions sensibles. — L’auteur s’attache à déterminer la part de l’organisme et celle de l’âme dans la perception sensible. Un court historique des diverses théories sur la vision, un résumé exact, mais trop concis de la théorie actuellement dominante, et l’affirmation, développée dans la conclusion, que les processus matériels se changent dans la perception en des processus qui n’ont plus rien de commun avec eux : tout cela ne suffit pas à donner l’attrait de la nouveauté à l’étude de Dreher.

Nous en dirons autant de l’article suivant, où Paul Schröder veut démontrer que la causalité n’est pas seulement une loi de notre esprit, mais aussi des choses.

Hermann Fichte : Anthropologie, 3e édit. (compte rendu). — L’ouvrage capital et bien connu du vétéran des philosophes allemands, dont la première édition remonte à l’année 1856, dont la seconde est de 1860, reparaît, dans cette troisième édition, enrichi d’additions importantes. Le spiritualisme très-décidé de l’auteur n’a changé aucune des affirmations chères à sa foi morale, n’a renoncé à aucune de ses hypothèses subtiles sur l’union du corps et de l’âme. On peut ne pas s’associer aux conclusions de Fichte ; mais on s’intéressera certainement aux discussions auxquelles il soumet les conceptions différentes de la sienne.