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analyses. — hess. Dynamische Stofflehre.

lisations aryennes et sémitiques pique la curiosité sans la satisfaire.

En somme, les lacunes, les incohérences, inévitables, je le répète, dans une telle composition, permises à plus forte raison dans une ébauche hâtive, n’empêchent pas la doctrine de M. Hess d’avoir au moins ce genre d’unité qui tient à la sincérité et à la tendance toujours élevée de la pensée. Une petite phrase marque bien le caractère général de son dynamisme : « Si toute respiration, dit-il quelque part, est une combustion, toute combustion aussi est une respiration. » Il ne fait donc point apparaître la vie à la suite des phénomènes physico-chimiques, sans avoir commencé par concevoir ces phénomènes eux-mêmes à l’image de la vie. Ainsi, en tout, ce n’est qu’en apparence qu’il tire le plus du moins, et la pensée de la force brute ; en réalité, c’est à la tendance inverse qu’il obéit, c’est-à-dire au besoin proprement métaphysique d’expliquer l’inférieur par le supérieur, puisqu’il pose en principe que « tout ce qui apparaît à l’état éveillé et libre dans les degrés les plus élevés de la vie se trouvait déjà aux degrés inférieurs, latent, enchaîné et endormi. »

Henri Marion.




Ferraz. Philosophie du devoir. 3e édition. Paris, Didier, 1878.

Cette 3e édition, « corrigée et augmentée, » sera consultée avec intérêt par ceux qui se préoccupent de la situation des études morales en France. On y trouvera un exposé judicieux et complet des thèses classiques en cette matière. C’est une sorte de manuel, et un manuel bien fait. On sait qu’en général la direction des idées philosophiques au sein de l’Université ne relève plus de l’école éclectique ; mais, pour la morale, l’enseignement public en est à peu près resté au Cours de droit naturel de Jouffroy. M. Ferraz, tout en étant très-attaché à la doctrine traditionnelle, a fait effort pour la rendre plus précise et sur un point essentiel pour la renouveler.

La division générale est très-simple. M. Ferraz traite successivement de la cause de nos actions ou de la liberté, qu’il défend contre les objections ordinaires du déterminisme ; — de la règle de nos actions ou du devoir, qu’il oppose aux mobiles passionnés ou intéressés des morales hétéronomes — de la fin de nos actions ou du bien, qu’il définit par l’idée de perfection ; — des qualités de nos actions ou de la moralité, dans l’appréciation de laquelle il détermine le rôle de la conscience et le rôle du raisonnement ; — des conséquences de nos actions ou de la moralité, ce qui le conduit à exposer la conception religieuse où, selon l’expression reçue, la morale trouve son couronnement. Ces indications donnent une idée suffisante de l’ensemble de l’ouvrage. Nous irons tout droit aux idées originales qu’il présente, et nous appellerons l’attention du lecteur sur deux discussions fort intéressantes en elles-mêmes, et dont les conclusions méritent d’être examinées de plus près.