Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
revue philosophique

les uns des autres, que le sont les coups de dés successifs d’une très-grande série, où les six nombres sortent avec une fréquence sensiblement égale.

H. Laudenbach.




M. Hess. Dynamische Stofflehre. — I, Kosmischer Theil : Allgemeine Bewegungserscheinungen und ewiger Kreislauf des Kosmischen Lebens.Théorie dynamique de la matière. — I, Partie cosmique : Mouvement universel et circulation éternelle de la vie cosmique (Paris, 1877. 182 p. in-8o avec cinq planches, chez Joseph Baer).

Cet ouvrage allemand, écrit et publié à Paris, est malheureusement une œuvre posthume. L’auteur, qui a passé en France une grande partie de sa vie comme réfugié politique, était un esprit hardi, à la fois savant et philosophe, qui depuis longtemps se consolait par des travaux de haute spéculation des épreuves de sa jeunesse. Il s’était d’abord consacré aux sciences naturelles et avait donné des articles d’astronomie dans une revue intitulée « Natur », que publiait Karl Müller à Halle. Membre correspondant de la Société philosophique de Berlin et rédacteur de la Rheinische Zeitung, il fonda lui-même, en 1845, à Elberfeld, une publication bientôt interdite par le gouvernement prussien, Gesellschafts Spiegel (le Miroir de la société). Dès lors, il vécut presque toujours hors de son pays, principalement chez nous. Passionné pour la Révolution française et pour la cause populaire, les questions politiques et sociales étaient l’objet de sa prédilection. Le grand ouvrage dont il n’a pu achever qu’une seule partie sur trois était lui-même, malgré son caractère exclusivement théorique, inspiré surtout par, ce goût dominant pour l’étude des phénomènes sociaux[1]. La 3e partie tout entière devait être consacrée à cette étude, mais elle nous manque, ainsi que la 2e, qui devait traiter de la vie organique.

Tâchons de saisir, dans ce que nous avons, la pensée générale de Fauteur. Quelle était cette vaste conception philosophique qui, embrassant à la fois l’astronomie et la science politique, avait pour base une théorie de la matière et pour couronnement une théorie de la vie sociale ? La Partie cosmique, que nous avons sous les yeux, est précédée heureusement d’une Introduction, où M. Hess s’est attaché à faire comprendre quel point de vue était le sien dans cette tentative de « synthèse universelle. »

D’abord, c’est une synthèse « rigoureusement scientifique » qu’il entreprenait, prétendant éviter les hypothèses et rester toujours assez près des faits pour satisfaire les savants spéciaux, même pour leur « aplanir la route ». Eût-il tenu cette promesse, toujours faite et toujours

  1. Le seul livre qu’il eût publié avant d’entreprendre celui-ci a pour titre Rome et Jérusalem (Rom und Jerusalem), Breslau, 1862.