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de la région pariéto-temporale et où aucun phénomène indiquant un trouble sensoriel n’avait été noté. Aussi trouve-t-on là une opposition nette entre la physiologie expérimentale et la pathologie ; et, « pour rendre compte de cette opposition, nous devons adopter l’une des deux hypothèses suivantes : en supposant les faits également bien établis, admettre que le parallèle qui existe entre le cerveau de l’homme et celui du singe et des animaux inférieurs cesse subitement d’exister, et que, en ce qui regarde les localisations sensorielles, le cerveau de l’homme est construit sur un type totalement différent de celui des animaux inférieurs ; ou bien, si cette anomalie paraît improbable, admettre que cet état latent que l’on suppose être la caractéristique des lésions de la zone sensorielle chez l’homme, dépend non pas tant de l’absence des symptômes que du défaut d’observation.

C’est vers cette dernière conclusion que penche M. Ferrier. En effet, il suffit de lire les observations qui ont été publiées, pour voir avec quel peu de soin les phénomènes sensoriels ont été notés ; et, d’autre part, les faits cliniques ne sont pas tous négatifs, « et il y en a plusieurs, à mon avis, dit M. Ferrier, qui sont susceptibles d’être suffisamment expliqués d’après les vues que j’ai émises. » Ces faits se rapportent soit à des anesthésies, soit à des sortes d’hallucinations visuelles, auditives, soit à des troubles particuliers du langage impliquant la vue ou l’ouïe, qui ont été étudiés par Kussmaul. Broadbent, etc.

En résumé, nous voyons qu’un des territoires cérébraux est bien connu, — les régions motrices ; — que les localisations sensorielles chez l’homme sont loin de correspondre aux résultats de l’expérimentation, et qu’enfin sur les lobes antérieurs et occipitaux nous n’avons encore que des données hypothétiques. Nous bornerons là notre exposition, car, dans ses leçons publiées par le British medical Journal, M. Ferrier n’a abordé que les localisations corticales.

U. G.


Th. Fechner. Vorschule der Æsthetik (Introduction a l’esthètique). 2 vol. in-8, 264 et 319 pp. Leipzig, Breitkopf und Härtel, 1876.

Voilà un titre alléchant, l’esthétique d’un savant vieilli dans l’observation des lois naturelles ; car c’est de l’auteur de la Psychophysique qu’il s’agit ici. Qu’on ne s’étonne pas de le voir, au terme de sa carrière, aborder ce sujet épineux. Il s’en excuse, en montrant par son « état de services » qu’il est non pas une nouvelle recrue, mais un vétéran en esthétique, qu’en 1839 déjà il publiait une brochure sur quelques tableaux du salon de Leipzig. Cette excuse était d’ailleurs inutile à tous ceux qui connaissent non-seulement le physicien, mais l’homme tout entier. Poëte à ses heures, il a publié, en 1841, un recueil de vers sous le pseudonyme de « Dr Myses ». Humoriste et volontiers paradoxal, il a composé des pages fort spirituelles sur les