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analyses. — ferrier. Lectures on cerebral Localisation

substance grise corticale intervient non comme conducteur, mais comme centre. Ainsi, d’après MM. Franck et Pitres, il s’écoule un intervalle entre l’excitation de la substance grise et le mouvement qu’elle produit ; et cet intervalle serait plus grand lorsque l’on excite la substance grise que lorsque les électrodes sont appliquées directement sur la substance blanche (dans le premier cas, le retard serait de 9/200 de seconde ; dans le deuxième, de 6/200 de seconde). D’autre part, pour qu’un mouvement se produise, il faut une décharge électrique plus forte lorsqu’on excite la substance blanche que lorsqu’on excite la substance grise ; ce qui serait absurde en se plaçant au point de vue de la conductibilité physique.

Enfin, « ce qui est plus important, peut-être, que ces résultats, c’est le fait que certaines modifications se présentent dans l’excitabilité des fibres de la substance blanche, après l’ablation de la substance corticale ; ce qui démontre d’une manière concluante que là nous avons affaire à des phénomènes de névrilité, et non à une simple conductibilité électrique, comme M. Lewes le suppose. » Si l’on coupe un nerf moteur, son excitabilité est conservée pendant les premiers jours qui suivent la section ; on peut, en électrisant le bout périphérique, provoquer des mouvements musculaires. Mais au bout de quelques jours toute excitabilité disparaît dans cette partie périphérique, qui dégénère en même temps. De même, si l’on enlève la substance corticale qui correspond à un centre moteur, on constate que, après une certaine période (de quatre jours chez le chien), l’excitation de la substance blanche ne donne plus lieu aux mouvements qui pouvaient être provoqués immédiatement après l’ablation de la substance grise[1].

Laissant de côté des détails secondaires, nous terminerons ces considérations physiologiques en faisant remarquer avec M. Ferrier que, dans les expériences sur les localisations cérébrales, si l’on veut appliquer à l’homme les résultats que l’on obtient, il faut prendre pour objet d’étude non des grenouilles, des pigeons, des lapins et même des chiens, mais des singes. Car « les mêmes mouvements ont plusieurs causes, et ils sont représentés, quoique avec des significations différentes, dans différents centres plus ou moins élevés. Ceux qui impliquent une discrimination consciente, ceux que nous appelons volontaires dans le strict sens du mot, sont les seuls qui soient nécessairement paralysés par la destruction de la substance corticale ; tandis que ceux que l’on décrit comme automatiques, instinctifs, réflexes, tous ceux qui entrent comme facteurs dans le maintien de l’équilibre, dans la coordination motrice, dans l’expression instinctive des émotions, sont organisés d’une manière plus ou moins complexe et plus ou moins indépendante dans des centres situés au-dessous de la substance corticale. Quoiqu’il y ait une solidarité générale dans tout le

  1. Alberloni et Michieli : Sui centri ccrebrali di movimento. Lo Sperimentale, 1876.