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doctrine originale de Kepler. On comprend bien le mot de Leibniz : « Kepler avait un trésor de pensées dont il ignorait la valeur et les grandes conséquences. » Presque toutes les conceptions de Leibniz se trouvent en germe dans les écrits de l’illustre astronome, par exemple : sur le rôle du mécanisme dans l’explication des phénomènes (mathematica causas fieri naturalium ; — ubicunque sunt qualitates, ibi sunt et quantitates, non contra semper) ; sur l’harmonie du monde, sur la finalité esthétique de la nature, sur la relativité du mal (in cœlo non sunt bonum et malum ethicum sed harmonicum, εὑρυθμον, forte, debile, pulchrum, abjectum ; defectus non est malum ; omnia bona in natura) ; sur l’activité essentielle aux substances (ubique in natura aliquid agitur) ; sur les perceptions inconscientes des âmes, cette doctrine fondamentale de la monadologie (est obtusa et obscura hæc harmoniarum perceptio in facultatibus animæ inferioribus et quodammodo materialis et sub nube quasi ignorantiæ ; nec enim sciunt se percipere, ut cum videntes aliquid non tamen animadvertimus nos id videre).

Le Ciel de la croyance (Exposition philosophique de la doctrine chrétienne, par Gustav Knauer (Halle, 1877). — C’est sur les principes du kantisme, modifié par l’enseignement de Fries et par les réflexions personnelles de l’auteur, que repose cette tentative de justification philosophique du dogme chrétien. La doctrine exposée par Strauss dans « l’Ancienne et la Nouvelle foi » est surtout l’objet des critiques de Knauer.

Neukantianismus, Schopenhauerianismus und Hegelianismus, dans leurs rapports avec les problèmes philosophiques du présent : 2e édition, augmentée des Éclaircissements à la métaphysique de l’inconscient, par Édouard de Hartmann (Berlin, Duncker, 1877). — L’intérêt de ce livre consiste moins dans les éclaircissements et les développements qu’y reçoit la doctrine exposée par le grand ouvrage de l’auteur, la Philosophie de l’Inconscient (dont la huitième édition paraît en ce moment même à Berlin), que dans l’exactitude des notices et la finesse des critiques, consacrées successivement aux principaux adversaires de l’auteur, à Lange et Vaihinger, les deux coryphées actuels du néokantianisme ; à Frauenstaedt et à Bahnsen, les deux principaux interprètes de la doctrine de Schopenhauer ; au restaurateur de l’hégélianisme Volkelt ; enfin au disciple de Biedermann, Rehmke.

H. v. Kleist : La critique du matérialisme dans Plotin. — L’essai de Plotin sur l’immortalité de l’âme (Ennéades, IV, 7) mérite plus d’attention qu’il n’en a obtenu jusqu’ici. S’appuyant sur la spiritualité de l’âme pour en démontrer l’immortalité, Plotin est conduit à faire une critique approfondie des théories matérialistes qui avaient cours de son temps. Cette réfutation remplit la plus grande partie de l’essai (du chapitre 2 au chapitre 8 inclusivement). On y retrouve presque tous les arguments philosophiques que le spiritualisme a depuis invoqués dans sa lutte contre le matérialisme. La diversité essentielle du corps et de l’esprit.