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périodiques. — Philosopische Monatshefte.

anciens Chinois, ou l’Œuvre complète du philosophe Licius. —Traduits du chinois avec commentaires par le missionnaire Ernst (Elberfeld, chez Friderichs, 1877). Le savant sinologue Faber a rendu, par ces diverses publications, un service signalé aux amis de la philosophie, surtout à ceux qui s’intéressent particulièrement à l’histoire des théories morales et politiques. Ils trouveront dans les œuvres des trois philosophes chinois les diverses doctrines morales dont la lutte remplit encore l’histoire de notre temps : le pessimisme socialiste dans Micius, le plus ancien des trois et presque contemporain de Gonfucius ; le conservatisme moral dans Mencius, un disciple de Confucius, qui vivait au temps d’Aristote ; la doctrine de l’abstention et de la résignation chez le métaphysicien fataliste et bouddhiste Licius.


Année 1878. 1re, 2e, 3e, 4e livraisons.

Du Vrai et du Faux Criticisme, par Schaarschmidt. — Cette courte, mais substantielle étude, est dirigée contre les prétentions croissantes de l’empirisme, contre l’assimilation mensongère que les récents théoriciens du positivisme affirment volontiers et réussissent trop facilement à faire admettre par les esprits ignorants ou superficiels, entre le relativisme des sensualistes et le criticisme de Kant. Le premier aboutit forcément au scepticisme ; le second repose sur le solide fondement de la certitude pratique. En définitive, le principe du vrai criticisme, la pensée dominante de Kant, c’est que la philosophie n’est rien, ou qu’elle est l’interprète et l’avocat des lois de la raison, ces lois qui constituent l’unique critérium de la vérité et la plus haute garantie de toute certitude.

Sur, la quatrième dimension, par Carl Stumpf. — Discussion approfondie de l’hypothèse d’un espace à quatre dimensions, soutenue de nouveau par Zollner dans ses Principes d’une théorie èlectrodynamique de la matière (Leipzig, 1876). C’est sur la loi célèbre de Weber, que Zollner cherche surtout à faire reposer sa démonstration ; mais Stumpf ne trouve pas que cette loi justifie les conclusions qu’on en veut tirer. Les hypothèses vraiment fantastiques, auxquelles se laisse entraîner l’ardente imagination de Zollner, ne sont pas faites pour vaincre la résistance des esprits critiques, des intelligences philosophiques aux nouveautés de la métamathématique.

Recherches sur l'histoire de l'ancienne philosophie allemande: Jean Kepler, par Eucken. — Nous recommandons à nos lecteurs cette savante et lumineuse monographie. Leibniz, Gœthe et Schelling ont su mettre en relief les admirables qualités de l’homme dans Kepler ; Whewell et Apelt ont exposé avec autorité ses titres scientifiques; enfin l’édition que Frisch a donnée de ses œuvres permet de suivre aisément dans le texte le développement de ses pensées. Mais le philosophe n’est encore que très-imparfaitement connu. C’est par des extraits bien choisis, des citations décisives, qu’Eucken reconstitue la