Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
revue philosophique

atteindre les causes. — La mémoire, telle que les faits de la vie normale comme les phénomènes pathologiques nous la font connaître, est absolument inexplicable, selon Böhm, si l’on n’admet pas que « chaque centre nerveux a une mémoire exclusive pour les images, qui trouvent en lui leur centre de formation. » Mais il faut bien distinguer la mémoire, comme faculté de conserver les sensations, les concepts, du souvenir ou de la faculté d’en prendre conscience de nouveau, de les reproduire. Comment expliquer cette reproduction ? L’hypothèse de Wundt est la plus généralement adoptée. D’après cette hypothèse, chaque représentation laisserait après elle dans la conscience une disposition à se reproduire, qui n’attendrait pour se manifester qu’une occasion fournie par l’association des idées. Qu’entendre par cette disposition ? Cela semble aussi vague que la puissance aristotélique. Quelle est la substance en qui doit résider cette disposition ? S’agit-il d’une simple modification de la matière cérébrale ? Nous sommes en pleine obscurité. Böhm ne voit d’autre issue aux difficultés du problème que dans l’hypothèse des représentations inconscientes. En cela il contredit Wundt, pour qui le concept de représentation inconsciente est un concept contradictoire. Les représentations se conservent inconscientes dans les divers centres où elles ont pris naissance. Leur réapparition dans la conscience dépend de certaines conditions physiologiques ou anatomiques. Il faut que la communication des centres inférieurs de l’encéphale et des hémisphères cérébraux, centre de la conscience proprement dite, ne soit pas interrompue. La reproduction des souvenirs n’est pas autre chose qu’un phénomène réflexe. Nous abrégeons à regret l’analyse de ce te notice, si riche de faits et de suggestions.

À propos de la psychophysique, par Fechner. — Otto Liebmann n’hésite pas à reconnaître la vérité du principe général de la psychophysique et à rendre hommage au génie et à l’infatigable activité de Fechner, tout en s’associant à plusieurs des critiques dirigées contre son œuvre et en déclarant insuffisante la nouvelle réplique de Fechner à ses adversaires.

Les Veillées de Bonaventura (Lindau et Leipzig, chez Ludwig, 1877). — Opuscule intéressant, dont l’auteur n’est rien moins que le philosophe Schelling lui-même. Publié en 1805 sous le pseudonyme de Bonaventure, et destiné primitivement à faire partie d’une collection de romans, il ne fut pas jugé digne par son auteur de figurer dans l’édition de ses œuvres et ne tarda pas à être oublié. Il contient pourtant de curieuses révélations sur les dispositions d’esprit du jeune Schelling, sur l’évolution que fit alors sa pensée du panthéisme désordonné et du romantisme épicurien au scepticisme pessimiste et presque au nihilisme.

Une Doctrine politique fondée sur la morale, ou Principes du philosophe chinois Mencius. — Les Principes de l’ancien socialisme chinois, ou Doctrine du philosophe Micius. — Le Naturalisme des