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3° finalité logique dans l’action de la matière et de la force dans les corps organiques ; 4 ° série déterminée de mouvements que doit parcourir chaque organisme ; 5° capitalisation des forces dans chaque organisme indépendamment de la perfection de l’organisme et de la spécialisation des organes extérieurs et intérieurs. En résumé, « la différence essentielle d’action réside dans un mouvement intentionnel de la matière : plus est finaliste le mouvement, plus est parfaite la vie organique, plus est élevée sa spécialisation interne et externe, sa capitalisation de forces. »

Cette manière de voir, qui est la théorie classique, conduit nécessairement à une définition de la vie ; or, une définition, « d’après M. Cl. Bernard, est impossible. Comment l’auteur échappe-t-il à la difficulté ? Il l’évite en voyant dans la matière inorganique quelque chose qui possède ou peut posséder la vie, c’est-à-dire en supprimant, par un trait de plume, tous les développements qui précèdent et tous ceux que l’on attendait sur la théorie protoplasmique, si importante aujourd’hui.

Résumant, d’après Darwin, la théorie cellulaire, il peut ainsi poser enfin la question qui fait l’objet du chapitre suivant (IX), de tout le reste du livre et que le titre de l’ouvrage réclamait depuis si longtemps : « La société est-elle une association réelle de cellules compliquées sous la forme d’individus humains ? »

La réponse est d’abord une longue dissertation (IX-XII) sur l’analogie des développements physiologique, morphologique, individuel dans l’être vivant avec la production, l’émission, la consommation sociales, ou le développement économique, juridique, politique, le premier consistant « dans l’augmentation de la propriété et le développement de la liberté économique », le deuxième « dans l’affermissement du droit et le développement de la liberté légale », le troisième « dans le renforcement du pouvoir et l’extension de la liberté politique », tous, dans la plus grande liberté possible, car, « dans le domaine social, la propriété, le droit, le pouvoir ne sont rien que la liberté qui se concentre sous des formes, des situations, des rapports, et la liberté n’est rien que la propriété, le droit, le pouvoir dans leur action à l’extérieur. » Vient ensuite une excursion dans le domaine de la mécanique et de la physique, de laquelle l’auteur rapporte, après M. H. Spencer, de nouvelles analogies tirées du principe de persistance de la force (XII) et du principe du mouvement, c’est-à-dire de la loi de la gravitation (XIII). C’est enfin une série de généralités (XV-XXII) nécessairement incomplètes ou contestables dans l’état actuel de la physiologie, de l’embryologie et de la pathologie, sur les questions d’accroissement, de génération, de végétation, de fleuraison, de maladie, de mort, de palingénésie (XV), de système nerveux (XVI), de mouvements réflexes (XVII), de réflexes apparents et latents (XVIII), de développement des centres nerveux (XIX), de réflexes directs et indirects (XX), du langage comme instruments de l’activité réflexe psychique (XXI) dans leurs rapports avec l’évolution du monde social (XXV) passé (XXIII) et à venir (XXIV).