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qui encouragent et alimentent leur cupidité, pour les obligera se transformer et à prendre les sentiments et les mœurs des autres races. — La question des mariages n’intéresse pas moins l’avenir de la société que la disparition de l’esprit judaïque. Il vaut mieux que l’individu ne vienne pas au monde que d’y naître dans des conditions désastreuses, d’infériorité et d’impuissance. — Dans l’État socialiste de l’avenir, l’individu ne pourra pas se prévaloir de ses aptitudes supérieures. Il saura qu’il les doit à l’éducation de la société, de même qu’il tient d’elle les moyens de les exercer. La famille ne sera plus fondée sur l’oppression de la femme et sur le respect intéressé des enfants, mais sur l’égalité et la libre affection de ses membres. C’est aussi dans l’État socialiste que les droits du travail seront reconnus ; que les institutions économiques reposeront sur la justice. — Après avoir parlé des conditions physiologiques et matérielles qui importent à la santé du corps social, il convient de rechercher les réformes morales qui doivent en assurer le perfectionnement. Dans l’État de l’avenir, la justice relèvera de la conscience plus que de la loi écrite. La morale sera indépendante de toute hypothèse théologique, affranchie de ces complaisances pour le préjugé, où s’était égaré le génie d’un Rousseau et d’un Kant. C’est dire que tout culte religieux est absolument banni de l’État futur. Nous n’admettons pas que les formalités de la religion viennent enchaîner les actes des individus et présider à la naissance, à la mort, au mariage. — Il faudra remplacer par une conception scientifique de la nature et de la vie les in ventions mensongères de la vieille métaphysique et de la religion. Mais pas d’autocratie des savants, comme celle que Saint-Simon et Auguste Comte avaient rêvée. La vérité se propagera librement par les livres, l’enseignement, par l’action bienfaisante de la poésie et de l’art. — L’organisation de l’enseignement sera le premier soin de la société nouvelle. L’enseignement doit être uniforme pour tous : il admet des degrés, non des exclusions. Les éléments des mathématiques et des sciences physiques, l’art de lire, de parler et d’écrire seront mis à la portée de tous. Les sciences naturelles y tiendront moins de place : c’est qu’elles ne sont guère que descriptives et servent plus à délasser qu’à fortifier l’esprit. Cet enseignement général et élémentaire comprendra tout ce qui peut cultiver et ennoblir les âmes. La physiologie et la médecine, ainsi que l’économie politique, y seront étudiées dans leurs principes essentiels et les plus accessibles La culture esthétique, qui est d’un si grand prix pour le perfectionnement de la vie, ne sera plus demandée aux anciens procédés. La poésie et l’art n’auront plus besoin de recourir à la fiction, et puiseront leurs inspirations dans la science de la réalité et la conscience de l’humanité libre. Les effusions mystiques auxquelles se complaît le naturalisme d’un Goethe n’en seront pas moins sévèrement bannies, que les fantaisies surannées de la mythologie. Dans le nouveau système d’enseignement, on s’attachera plutôt à bien connaître sa propre langue, qu’à s’approprier des langues étrangères. L’étude des éléments de la philosophie