Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

deux sensations + S et — S, si Ton ne peut pas les ajouter Tune à l’autre, on se demande vraiment comment un esprit aussi judicieux et aussi distingué peut croire qu’elle donne la mesure de la sensation. L’intensité totale de ce phénomène ne serait-elle pas le résultat de l’accumulation d’intensités partielles?

Je le répète, de peur qu’on ne s’y méprenne, ces reproches sont simplement mathématiques. Quand il s’agit de formules s’appliquant à des choses abstraites, on peut à son choix changer l’origine ou les unités ; cela est impossible quand il s’agit de choses concrètes. C’est une erreur à laquelle sont exposés déjà bon nombre de mathématiciens, « qui veulent, avant toute discussion du problème, interpréter toute espèce de résultat » l , et les philosophes sérieux surtout doivent avoir soin de l’éviter et distinguer un signe analytique d’une valeur réelle.

VII. — Suite de la discussion mathématique. — De l’unité, et de la concordance des échelles doubles.

Cette partie de la discussion a une portée du même ordre que celle qui précède. La formule de Fechner a passé sous bien des yeux, et une seule personne, que je sache, en a signalé nettement le côté faible dont je vais entretenir le lecteur. Je l’avais bien pressenti dès mon premier mémoire 2 , mais je présentais moi-même une formule rationnelle qui, bien qu’ayant une identité presque complète avec celle de Fechner, était irréprochable, je crois, sous le rapport mathématique, et je n’avais pas vu dans toute son étendue la faute dans laquelle est tombé le créateur de la psychophysique. Un grand nombre des judicieuses réflexions de Hering, de Langer, de Brentano, etc., ont été suggérées à leurs auteurs par le sentiment inconscient de cette lacune.

Au début du chapitre précédent, je disais que l’intervalle entre deux nombres consécutifs tracés sur l’échelle de mesure est censé rempli par une certaine quantité de la chose à mesurer, et que cette quantité constitue l’unité de mesure pour cette chose. Quand donc on évalue l’intensité d’une sensation, on doit pour cela se servir d’une unité de sensation. Cette unité s’ajoutera à elle-même, et Ton


que la somme des cosinus est 0. Donc, conclut-il, cette manière d’argumenter les angles est peu concluante. La comparaison est fautive à tous égards. Quand on additionne les cosinus on n’additionne ni en tout ni en partie; mais, quand on accumule des excitations, on fait croître la sensation.

1. Étud. psych., p. 17.

2. lbid., p. 13 et 14.

�� �