Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/666

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
656
revue philosophique

Dès 1828, Flourens, à la suite de nombreuses expériences sur les canaux semi-circulaires, était conduit à cette conclusion « que la section de chaque canal produit un mouvement dont la direction est toujours celle du canal coupé », et il attribuait à ces organes un rôle dans la coordination des mouvements. — Divers physiologistes : Brown-Séquard, Vulpian, Schiff, Lœwenberg, Goltz, étudièrent le même sujet à l’aide de procédés divers. — En 1872, l’auteur, à la suite d’une série d’expériences personnelles, résumait ainsi les résultats obtenus (p. 15-25) :

Il n’existe pas dans le système nerveux d’organe spécial, destiné à coordonner les mouvements de notre corps.

Pour conserver notre équilibre, il nous est indispensable d’avoir une notion exacte de la position de notre tête dans l’espace.

Les fonctions des canaux semi-circulaires consistent à nous communiquer, à l’aide de sensations inconscientes, la représentation exacte de cette position. Chaque canal a une relation déterminée avec une des dimensions de l’espace.

Depuis cette époque, M. Cyon a continué et complété ses recherches, et s’est livré à une expérimentation méthodique dont nous donnerons d’abord le résumé :

1° On coupe chez un animal (pigeon, grenouille, lapin) le canal membraneux horizontal : il se produit une oscillation de la tête dans le sens horizontal. Si l’on sectionne le canal correspondant de l’autre côté, l’oscillation augmente et devient même si intense qu’elle entraîne le corps tout entier et qu’il en résulte un mouvement de manège.

2° On coupe le canal vertical postérieur (qui est dirigé de haut en bas) : les mouvements de la tête se font de haut en bas et de bas en haut, c’est-à-dire dans un plan vertical. Le corps, au lieu d’exécuter des mouvements de manège, fait des culbutes, comme s’il était violemment entraîné de bas en haut.

3° On coupe le canal vertical supérieur (ou antérieur), qui est dirigé d’arrière en avant : l’animal exécute des mouvements de la tête d’arrière en avant et de droite à gauche. Si la section des deux canaux est faite, le même mouvement se produit, plus violent, plus continu.

L’auteur résume ces trois séries d’expériences en disant : « que la section des deux canaux semi-circulaires symétriques provoque des oscillations de la tête dans le plan des canaux opérés. Cette loi est absolue et n’admet aucune exception » (p. 50).

4° Si l’on détruit à la fois les six canaux, l’effet est « foudroyant ». L’animal ne peut ni se tenir debout, ni rester couché, ni voler, ni exécuter un mouvement combiné, ni garder même un instant une