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REVUE DES PÉRIODIQUESÉTRANGERS




MIND


A quarterly Review of Psychology and Philosophy, edited by G. Croom Robertson.
nos IX-X. — Janvier et avril 1878.

Janvier 1878. — M. James Sully, dans un premier article sur la Question de la perception visuelle en Allemagne, se propose de résumer les faits et les expériences que Helmholtz, Hering, Wundt, etc., ont exposés, dans leurs plus récents ouvrages, sur ce sujet. Après avoir fait remarquer que, jusque dans ces dernières années, c’est la théorie de Berkeley qui a prévalu en Angleterre et celle de Kant en Allemagne, il renvoie à un deuxième article toutes les discussions et interprétations, pour s’en tenir d’abord à une simple exposition. L’œil, pour construire l’espace, n’a à sa disposition que deux modes de sensibilité : la sensibilité locale des éléments nerveux, qui constituent la rétine ; la sensibilité musculaire, qui accompagne les mouvements de l’œil et des muscles de l’œil. M. Sully, après en avoir parlé en détail, examine les conditions de la vision directe et indirecte, de l’appréciation de la direction (pour l’œil en mouvement et pour l’œil en repos), de la profondeur ou distance (soit relative, soit absolue). Il passe en revue les faits relatifs à la théorie de la vision double, de la vision simple, des points de recouvrement, etc. — Exposé lucide et méthodique, comme on devait l’attendre de l’auteur.

Dans un second article[1], il passe à l’interprétation des faits et à l’exposition des théories imaginées pour les expliquer. On peut, suivant l’exemple de Helmholtz, ramener ces théories à deux grandes divisions : théorie intuitive ou de l’innéité, théorie empirique ou génétique. Cette séparation n’a d’ailleurs rien d’absolu ; chacune des deux théories rivales emprunte forcément quelque élément à l’autre.

Théorie de l’innéité. — Le fondement de cette théorie a été établi par J. Müller, sous l’influence de Kant : il considérait l’intuition de l’espace visuel comme une propriété inhérente à la nature même de la rétine. Les objections soulevées contre cette hypothèse amenèrent la

  1. Ce second article a paru dans le numéro d’avril 1878. Nous le joignons au premier.