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regnaud. — études de philosophie indienne.

L’ensemble des taijasas est égal à hiranyagarbha, de même que l’ensemble des arbres composant une forêt est égal à cette forêt. Ce qui revient à dire que la multiplicité des âmes individuelles n’a qu’une réalité purement subjective[1].

Nous avons vu qu’à côté des éléments subtils se trouvent les éléments grossiers (sthûla-bhûtâni). Ils ont été formés par les éléments subtils moyennant l’amalgame suivant. Chaque élément subtil a été partagé en deux parties égales, et l’une de ces deux parties de chaque élément (soit ½) a été divisée à son tour en quatre (soit ⅛ de l’élément entier). Alors, chaque élément grossier s’est trouvé composé d’une de ces quatre dernières parties prise dans chaque élément subtil, ajoutée à la partie restante de la première division en deux parties égales. L’élément grossier prend le nom de cette partie, qui est la dominante. Eu égard à la terre, par exemple, l’opération complète et son résultat peuvent s’exprimer, pour plus de clarté, par l’équation suivante : ⅛ éther subtil + ⅛ air subtil + ⅛ feu subtil + ⅛ eau subtile + ½ terre subtile = terre grossière[2].

Chaque élément grossier renferme un nombre de plus en plus grand d’objets généraux de perception, d’après une gradation que voici : dans l’éther est le son ; dans l’air se trouvent le son et le toucher ; dans le feu, le son, le toucher et la couleur ; dans les eaux, le son, le toucher, la couleur et le goût ; enfin, dans la terre, le son, le toucher, la couleur, le goût et l’odorat[3].

Les éléments grossiers ont donné naissance à sept mondes supérieurs à la terre (ou cieux), qui sont appelés : Bhûr, Bhuvar, Svar, Mahar, Janar, Tapar et Satya; à sept mondes inférieurs à la terre (ou enfers), à savoir : Atala, Vitala, Sutala, Rasâtala, Talâtala, Mahâtala et Pâtâla; et à l’œuf de Brahma, ou à la terre, avec les quatre sortes de créatures grossières, la nourriture et la boisson, etc., qu’elle renferme[4].

Les créatures dont il vient d’être question se divisent en vivipares, ovipares, animaux nés de la sueur (ou de la corruption) et plantes issues de germes. Les vivipares sont ceux qui sortent d’une matrice, comme les hommes, le bétail, etc. ; les ovipares sont ceux qui sortent d’œufs, comme les oiseaux, etc. ; les animaux issus de la sueur sont les pous, les moucherons, etc. ; les plantes issues de germes sont les lianes, les arbres, etc.[5].

  1. Véd.-Sâra, no 67.
  2. Véd.-Sâra, no 68.
  3. Véd.-Sâra, no 69.
  4. Véd.-Sâra, no 70.
  5. Véd.-Sâra, no 71.