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regnaud. — études de philosophie indienne.

La conscience individuelle est la fonction de l’organe interne qui consiste dans l’égoïsme (abhimâna) ou l’idée du moi[1].

Les facultés intellectuelles qui viennent d’être énumérées sont formées, non pas comme les organes de perception de parties distinctes de la qualité de sattva de chaque élément, mais de parties de la qualité de sattva de chaque élément mélangées entre elles[2].

La buddhi unie aux organes de perception constitue ce qu’on appelle le fourreau d’intelligence (vijnânamaya kosha). Cet ensemble des fonctions intellectuelles, considéré au point de vue temporel ou subjectif (vyavahâri), c’est-à-dire comme distinct de Brahma dont il ne diffère pas essentiellement, porte aussi le nom de jîva ou d’âme individuelle. C’est la partie de la créature qui agit, qui jouit, qui a le sentiment de la personnalité et qui, par conséquent, passe de ce monde en l’autre et réciproquement, selon le mérite ou le démérite de ses œuvres[3].

L’âme individuelle est regardée par le Vedânta-Sâra comme renfermée dans un fourreau (kosha) qui contient ses diverses facultés. Au point de vue de la personne humaine telle que nous la voyons ici-bas, ce fourreau, qui est le plus intime, se trouve lui-même revêtu d’une série d’autres fourreaux qui contiennent chacun un ensemble de facultés et d’organes de plus en plus grossiers, à mesure qu’ils sont plus éloignés du fourreau central. D’après cette physiologie arbitraire, le corps humain ressemblerait, quant au groupement et à l’association intime des organes, à la structure d’un oignon, ou plutôt d’une noix verte, composée de trois couches concentriques comprenant le fruit proprement dit, l’écorce ligneuse et le brou.

En vertu de cette théorie, jîva réuni aux organes d’action se trouve enveloppé dans un second fourreau, appelé le fourreau de manas (manomaya kosha)[4].

Les organes d’action renfermés dans le fourreau de manas sont : la parole, les mains, les pieds, l’anus et les organes de la génération. Remarquons qu’il s’agit évidemment ici, non pas des membres eux-mêmes qui servent à l’accomplissement direct des actes auxquels ils correspondent, mais des énergies internes qui mettent ces membres en œuvre[5].

Les organes d’action sont issus chacun des parties distinctes de la qualité de rajas ou de passion de chaque élément correspondant[6].

  1. Véd.-Sâra, no 47.
  2. Véd.-Sâra, no 47.
  3. Véd.-Sâra, nos 49 et 50.
  4. Véd.-Sâra, no 51.
  5. Véd.-Sâra, no 52.
  6. Véd.-Sâra, no 53.