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herbert spencer. — études de sociologie.

politique et l’hommage social ont aussi lieu dans l’hommage religieux. En parlant des habitants du Congo, Bastian dit : « Quand ils adressent la parole à un supérieur, ils s’agenouillent, détournent le visage à moitié, étendent les mains vers la personne à laquelle ils s’adressent et les frappent l’une contre l’autre toutes les fois qu’ils parlent. Ils auraient pu poser comme modèles devant les prêtres égyptiens pour les peintures murales des temples, tellement la ressemblance est frappante entre ce qui est représenté dans ces peintures et ce qui se passe ici dans la réalité. » Nous pouvons remarquer de semblables parallélismes dans les observances religieuses en Europe. Nous y voyons qu’on se met sur deux genoux et sur un seul genou ; on s’incline et on fait la révérence à certains moments quand le nom du Christ est prononcé.

Comme nous l’avons déjà expliqué, la salutation complète implique en même temps un acte d’humilité et un autre acte indiquant le contentement. Pour attirer plus efficacement le bon vouloir du supérieur, elle doit nécessairement dire à la fois : « Je suis votre esclave, » et : « Je vous aime. »

Un certain nombre des exemples cités plus haut ont montré l’union de ces deux facteurs. En même temps qu’il prend une attitude de soumission abjecte, le Batoka, comme nous l’avons vu, frappe d’une façon rhythmique les mains contre les cuisses. Dans d’autres cas cités, nous avons observé que le battement des mains, en signe de joie, accompagnait des mouvements témoignant la soumission ; nous pouvons en ajouter beaucoup d’autres. À propos des personnes nobles qui approchent le roi de Loango, Astley dit : « Ils battent des mains deux ou trois fois, et ensuite ils se jettent aux pieds de Sa Majesté dans le sable, s’y roulent en tous sens pour marquer leur soumission ; » et Speke dit de certains serviteurs du roi d’Uganda : « Ils se mirent en ligne à plat ventre, et, se tortillant comme des poissons, ils se débattaient, agitant les jambes, se frottant le visage et frappant le sol de leurs mains. » Il faut ajouter un autre mouvement rhythmique ayant la même signification. Nous avons déjà vu que les gambades, comme signes naturels de la joie, constituent un salut amical parmi les Fuégiens, et qu’on les rencontre dans le Loango comme une marque de respect envers le roi. L’Afrique nous fournit un autre exemple. Grant raconte que le roi de Karague « était assis à la porte de sa hutte principale, ayant tout le corps caché, sauf la tête, et recevait les salutations de ses sujets, qui passaient en criant, en sautant et en jurant obéissance. Quand ces sauts auront peu à peu été réglés, comme ils doivent l’être dans le cours de leur développement, ils constitueront les danses par lesquelles on salue