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herbert spencer. — études de sociologie.

devenant habituelles, ont partout et toujours comme élément commun des mets et des liqueurs. Il est inutile de citer des preuves, quant aux sociétés peu avancées ; le fait est également bien connu, quant aux sociétés plus avancées, quoique sa signification soit ignorée, là où il devrait être le mieux compris. Si un Zulu tue un bœuf pour s’assurer le bon vouloir de l’esprit de son parent mort qui se plaint dans un songe de n’avoir pas été nourri, si parmi les Zulus cet acte privé se développe en un acte public où un taureau est tué périodiquement « comme offrande propitiatoire à l’esprit de l’ancêtre immédiat du roi », nous pouvons, sans risque d’être inconvenants, demander si telle n’est pas l’origine de certains actes comme ceux d’un roi égyptien qui, par des hécatombes de bœufs, espère plaire à l’esprit de son père déifié ; mais il est défendu de supposer que telle est également l’origine des sacrifices d’animaux faits à Jahveh, au sujet desquels on trouve des commandements si précis dans le Lévitique. Quand nous lisons que chez les Grecs « c’était la coutume de rendre aux dieux les mêmes offices que ceux dont les hommes ont besoin : les temples étaient leurs demeures, les sacrifices leur nourriture, les autels leurs tables, » il est permis d’observer l’analogie entre ces présents d’aliments offerts aux dieux et les présents d’aliments offerts sur la tombe des morts, et de remarquer que tous deux dérivent de présents pareils faits aux vivants ; mais il faut absolument rejeter la pensée que la présentation de viande, de pain, de fruits et de liqueurs à Jahveh ait une origine semblable, quand même il existe un parallélisme complet entre les gâteaux qu’Abraham fait cuire pour le Seigneur, quand celui-ci vient le voir sous sa tente dans les plaines de Mambré et le pain de proposition posé sur l’autel et remplacé de temps en temps par d’autre pain frais et chaud. Ici cependant, nous notons ces parallélismes, et nous ajouterons cette observation : quoique aux époques postérieures de l’histoire des Hébreux, l’interprétation originale et palpable des sacrifices ait été obscurcie, et quoique la théorie primitive ait subi depuis des variations progressives, cependant la forme survit. La lecture pendant la quête dans notre Église conserve ces mots : « Accepte notre aumône et notre offrande ; » et à son couronnement la reine Victoria a offert sur l’autel, par les mains de l’archevêque, « une nappe d’autel en or et un lingot d’or, » une épée, du pain et du vin pour la communion, ensuite une bourse pleine d’or ; et cette offrande a été suivie par la prière « de recevoir ces oblations ».

Considérés sans prévention, les témoignages recueillis dans toutes les parties du monde démontrent que les oblations sont primitive-