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marion. — john locke d’après des documents nouveaux

plus menus détails de sa vie, les moindres traces de son passage, les plus légers vestiges de sa pensée. Un très-grand nombre de lettres soit de lui, soit à lui adressées, avaient été publiées dès 1708[1], d’autres en 1720[2]. En 1829, lord King, descendant d’un cousin de Locke et héritier de ses papiers, en donna ou analysa quatre-vingt-dix-huit nouvelles, dans un livre qui excita un vif intérêt[3]. Mais, depuis, on en a découvert beaucoup d’autres, particulièrement dans la précieuse collection des papiers de famille des comtes de Shaftesbury, où se trouvaient aussi, avec les manuscrits originaux de ses premiers écrits, une multitude de fragments et de notes. Le tout est maintenant aux Archives publiques. D’autre part, le British Museum est riche en documents du même genre. Dans la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford, dans la Bibliothèque de Lambeth, dans d’autres collections publiques et privées, sont épars des matériaux de toute sorte, parfois sans grand intérêt, mais conservés avec un soin jaloux, par cela seul qu’ils peuvent servir à l’histoire de Locke.

M. Fox Bourne a entrepris de passer en revue, de classer tous ces documents nouveaux et de les utiliser pour une étude d’ensemble, en les combinant avec ceux qu’on a déjà mis à profit. Non content d’épuiser toutes les sources d’informations que lui offrait l’Angleterre, il est venu sur le continent, suivant Locke à la piste pour ainsi dire. À Amsterdam, il a trouvé dans la seule Bibliothèque des Remontrants trente-cinq lettres entièrement inconnues. Pour ce qu’il n’a pu voir lui-même, il s’est servi des notes prises par M. Alexander Burrel dans ses « pèlerinages » aux divers séjours de Locke. Le résultat de ce long travail est une nouvelle et très-savante Vie de John Locke, absorbant et complétant par mille détails inédits les biographies antérieures. L’auteur nous fait assister presque jour par jour à la vie du philosophe et, ce qui vaut mieux encore, à l’enfantement de ses écrits. Rien ne rajeunit et ne fait vivre l’histoire de la philosophie comme de pareilles publications. En lisant celle de M. Fox Bourne, je ne pouvais m’empêcher de regretter que nous n’ayons pas une telle monographie de Descartes. Peut-être ne peut-elle être faite, manque de matériaux ; mais, si elle était possible, de quel prix ne serait-elle pas !

Quoi qu’il en soit, ces documents, exhumés ou exploités pour la première fois, rappellent en ce moment l’attention sur Locke : l’occasion

  1. Some Familiar Letters between Mr. Locke and several of his friends (in-8°, 540 p.).
  2. Several letters, dans A Collection of several pieces of Mr. John Locke (in-8°, 362 p.).
  3. The Life of John Locke, with extracts from his Correspondence, Journals and Common-place Books, 1829 (in-4°, 407 p.), 1830 (2 vol. in-8o, 480, 375 p.).