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scientifique. Il reconnaît ensuite que le témoignage de la conscience sur elle-même est la source des données fondamentales de la psychologie. Mais il demande que les psychologues n’excluent pas de leurs recherches les sens autres que le sens dit intérieur. En effet, l’être humain est un, et il n’y a pas de raison pour le scinder en deux groupes de phénomènes étrangers l’un à l’autre. Tous nos sens nous font connaître notre véritable nature ; chacun sert à contrôler le témoignage des autres ; si l’un d’entre eux prétend s’affranchir de ce contrôle, il ne tarde pas à être le jouet d’illusions. C’est le cas des psychologues que Maudsley appelle introspectionistes, qui découvrent dans leur âme mille choses qu’eux seuls ont le talent d’y voir, et dont les fantaisies individuelles tentent en vain de s’imposer comme des faits d’expérience à la majorité des savants. En terminant, M. *** va peut-être un peu trop loin quand il dit que la méthode subjective ne doit jouer, dans la psychologie, que le rôle d’auxiliaire ; mais il fait preuve d’un grand sens quand il déclare que seul l’usage exclusif de cette méthode est à condamner.




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Direct. : P. Mantegazza. Firenze.

M. Herzen, dans un article sur la Psychologie physiologique (suggéré par la polémique qui a eu lieu ici même entre M. Egger et M. Richet), s’attache à établir qu’on ne peut poser à titre d’axiome ou de principe : qu’il n’y a pas de plus grande différence que celle qui existe entre les faits physiologiques ou étendus et les faits psychiques ou inétendus.

1o Quoique nous soyons loin de savoir à quel état précis du cerveau correspond tel ou tel état mental, ce n’est pas une raison pour étudier les phénomènes psychologiques à l’état d’abstraction ; c’est condamner la psychologie à rester indéfiniment à l’état déductif. La psychologie introspective ne pourra jamais s’élever au rang d’une science inductive, comme l’a très-bien montré Maudsley dans le chapitre 1er  de sa Physiology of Mind.

2o Quelle preuve a-t-on jamais donnée d’un dualisme irréductible entre la matière étendue, avec toute la sphère de ses fonctions (c’est-à-dire les différentes formes de mouvement) et la pensée inétendue ? Pour M. Herzen, la pensée est une forme du mouvement qui ne diffère des autres formes qu’en un point : c’est que ce mouvement fait partie de nous, de notre être, et que nous en avons par conséquent un aspect de plus, l’aspect subjectif, qui nous manque par rapport aux autres formes, et que nous nous trouvons dans l’impossibilité de l’objectiver complètement par rapport à nous-mêmes. Notre manière de voir anthropomorphique nous conduit à classer les mouvements en mécaniques, physiques, chimiques, organiques, psychiques. L’aspect subjectif des mouvements psychiques est inaccessible à l’observation objective : cela est clair à priori, et c’est à quoi se réduit tout ce que disent sur ce sujet