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une intelligence pure. » Là-dessus commence un véritable assaut. — Des Sociétés animales, étude de psychologie comparée, par A. Espinas. Une plume exercée et savante a pris soin d’analyser minutieusement cet ouvrage.

Décembre. — Épicure et sa Théorie de la sensibilité, par Jandelli. -— L’auteur connaît les sources, mais n’en tire rien de bien nouveau. Il combat assez longuement les opinions exprimées par le professeur Trezza sur le même sujet.

Le Problème de la naissance de la civilisation, ou comment peuvent se concilier les doctrines de la civilisation spontanée (nativa) de Vico et de la civilisation communiquée (dativa) de Romagnosi, par Bertinaria. — Cet article est plus intéressant que les précédents. Il nous reporte au moment où Ferrari, au lendemain de la mort de Romagnosi (1835), exposait et discutait les idées de son maître avec une liberté qui parut à beaucoup irrévérencieuse, dans un livre intitulé la Mente di Romagnosi. Le problème posé alors par Ferrari, M. Bertinaria l’agite de nouveau. Les solutions présentées ici ont leur valeur ; il est regrettable seulement que l’auteur n’ait pas profité de l’occasion pour rectifier les termes d’une question au moins obscure. Car il y a ici deux questions en une seule : 1° La civilisation est-elle le produit du développement spontané des peuples, ou bien est-elle le produit d’influences extérieures, celles par exemple qui proviennent de la nature ou des sociétés environnantes ? Voilà un premier problème. 2° La civilisation est-elle un fait de nature inconscient et involontaire, analogue au développement de la plante et de l’animal, ou bien est-elle une œuvre volontaire et réfléchie, effet de l’art humain ? Second problème, différent du premier. La civilisation pourrait être transmise sans être volontaire, et elle pourrait être innée aux sociétés sans être inconsciente ; dans tous les cas, si ces deux groupes de phénomènes sont enchaînés par un rapport de causalité, ce ne saurait être une raison suffisante pour les confondre. Tout cela est un peu mêlé dans l’étude de M. Bertinaria. Voici les questions subsidiaires qu’il se pose et auxquelles il donne des réponses assez développées : 1° Bien que le point où s’arrêtera la civilisation ne puisse être fixé, sera-t-il possible de tracer un type idéal de l’histoire, c’est-à-dire, au sens de Vico, une loi générale qui détermine les phases successives de la vie de toute nation ? 2° Un type idéal de l’histoire peut-il se concilier avec la variabilité des circonstances extérieures ? 3° La science arrivera-t-elle jamais à harmoniser les aptitudes et les actions (l’idéal et le réel) en un corps de vérités, ou, en d’autres termes, la science est-elle en état de déterminer les lois particulières de la civilisation, tant communiquée que native, puis de s’élever des lois particulières à la loi commune et universelle de la vie de l’humanité ? 4° Comment devra être considéré, par rapport au type de la perfectibilité, le hasard des transmissions, des décadences et des révolutions ? 5° Comment doit être considéré l’art découvert jusqu’ici, par rapport à la perfectibilité ? ou mieux : Quel est