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bibliographie.giovanni. Prelezioni di filosofia.

tels. Mais ce qui nous attire surtout, ce sont les articles ou leçons sur l’histoire de la philosophie moderne en Italie et surtout en Sicile, sujet sur lequel M. Giovanni peut nous fournir des renseignements de première main. C’est du reste sur un ouvrage de cette sorte, que M. Franck a lu une étude détaillée à l’Académie des sciences morales et politiques[1]. L’ouvrage avait pour titre : Histoire de la philosophie en Sicile depuis les temps antiques jusqu’au xixe siècle, et contenait deux volumes. Nous sommes donc heureux d’en trouver ici une continuation dans les essais sur « la philosophie en Italie au milieu du xixe siècle » et sur « les études philosophiques en Sicile dans le xviiie siècle et dans la première moitié du xixe. » La scolastique déchue, les philosophies cartésienne et leibnitzienne ont eu leurs représentants dans cette île : Fardella et Tommaso de’Natali. C’est ce dernier qui eut l’idée d’exposer la philosophie de Leibnitz « en vers toscans ». Ensuite, c’est-à-dire dans le cours du xviiie siècle, Flères et Miceli fondent une école sicilienne, dont le principal caractère est la hardiesse des conceptions métaphysiques et un dogmatisme ontologique imperturbable. Le vent était alors en Sicile aux spéculations philosophiques ; de toutes parts, des collèges étaient créés ; les Sociétés savantes se multipliaient ; les palais des seigneurs et des évêques se transformaient en académies. Le tableau de ce mouvement est tracé avec éclat par M. di Giovanni. C’est vers 1765, à Montréal, où le magnifique palais archiépiscopal des Tours, devenu lui aussi une académie par les soins de Francesco Testa, réunissait une élite de poètes, de littérateurs et de savants, que Vincenzo Miceli écrivit le résumé de son système en 206 propositions : Specimen scientificum. Ce livre, composé suivant la méthode d’exposition de Wolf et de Spinoza, est d’appareil entièrement géométrique. On a plus tard appelé assez justement le système de son auteur un spinozisme chrétien. Edité pour la première fois par M. di Giovanni en 1864 et 1865, il a été en France l’objet d’un certain nombre de travaux, dans la Revue des Deux-Mondes en mai 1855 et en janvier 1875, dans la Revue des cours littéraires en 1875, et dans la 2e édition du Dictionnaire des sciences philosophiques. Bientôt, la Sicile se vit envahie par les doctrines sensualistes ; parmi ses nombreux représentants, nous citerons Giacomo Sciacca, Giuseppe Donzelli et G. Accordino da Patti, condillaciens mitigés. L’éclectisme eut alors son tour avec Salvatore Mancino, et enfin l’ontologisme avec le franciscain d’Acquisto. Son empire dure encore, car c’est à Gioberti que M. V. Giovanni se rattache le plus étroitement. L’ontologisme, tel est le titre de l’un des essais les plus importants parmi ceux que nous analysons : c’est de ce point de vue que l’auteur juge les autres systèmes. Mais il est avant tout un historien de la philosophie, et il ne peut traiter aucune question théorique sans revenir à ses exposés de doctrines, où il excelle. Ses ouvrages dans ce genre, portant presque tous sur les

  1. Voir Journal des savants. Cahiers de mai, juin et novembre 1876.