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drée, un rapport tout extrinsèque. D’autre part, cette même possibilité, une fois qu’elle existe par génération au dedans de Dieu, ne peut par génération encore se convertir en actualité hors de Dieu. Une telle conversion se fait par régénération, en sorte que la création divine est une régénération nécessaire procédant d’une génération nécessaire. » (Vol. II, p. 220.)

Nos lecteurs jugeront par cette citation mieux que par de longs discours ce qu’ils doivent penser de la méthode de l’auteur. Il a essayé, en 1026 pages de ce style, de construire l’univers avec quatre ou cinq, idées générales, la science avec quatre ou cinq mots ambitieux. Nous reconnaissons qu’il a fait preuve d’érudition et de puissance dialectique ; mais nous pensons qu’il aurait pu mieux employer son temps.

M. Labanca est tellement satisfait de cette philosophie formelle qui « donne le moyen de parler vraisemblablement de toutes choses et de se faire admirer des moins savants », qu’il voudrait la voir devenir la principale étude des jeunes Italiens. Dans un opuscule sur la Pédagogie de l’esprit par rapport aux mathématiques et à la logique, il se plaint des prétentions qu’élève de nos jours la méthode mathématique et de ses tendances envahissantes. Il paraît qu’en Italie pas plus qu’ailleurs on n’est disposé à restaurer la scolastique. Nous ne pouvons partager là-dessus les regrets de l’auteur, dussions-nous être par lui accusés d’ « incohérence », comme le sont dans cet opuscule tous ceux qui ne sont pas de son avis, même les idéalistes absolus. Est-ce là le fruit de la méthode de conciliation tant vantée dans la Dialectique ?


Vincenzo di Giovanni. Prelezioni di filosofia. — Palermo, Virzi tip., 1877. In-18, 333 p. — Categorie et giudizii, studio logico. Id., 40 p. — Hartmann e Miceli. Id., 80 p.

Professeur au lycée national et au séminaire archiépiscopal de Palerme, membre de l’Académie des sciences et des lettres de la même ville, M. V. di Giovanni a prononcé dans ces différentes institutions des discours ou leçons philosophiques dont le ton sérieux et sévère ne fait pas moins d’honneur au professeur qui les a lues qu’à l’auditoire (surtout à l’auditoire de jeunes gens) qui les a écoutées. Quelque solides que soient ces leçons, ce ne sont que des discours cependant, et des discours détachés, en sorte que l’intérêt scientifique des volumes signalés ci-dessus ne peut être que secondaire. Ils roulent sur diverses questions d’histoire de la philosophie soit ancienne, soit moderne. Les premiers sont en grande partie tirés des ouvrages sur la philosophie ancienne publiés en France, comme par exemple ceux de M. Fouillée sur Platon et sur Socrate. Les seconds sont plus intéressants. Je laisse de côté ceux qui ont pour but de prémunir les jeunes esprits auxquels l’auteur s’adresse contre les doctrines d’importation étrangère, particulièrement contre le positivisme et le matérialisme. Ce sont des œuvres d’éducation qui ont leur mérite comme