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bibliographie.cecchi. Torquato Tasso.

logie hébraïque. Il nous donne en effet les premières leçons d’un cours sur l’existence de Dieu fait à Livourne par un rabbin sans doute. Il est rempli de citations de la Bible et de ses commentateurs en caractères hébraïques. Chacun des chapitres renferme d’abord un exposé dogmatique, une démonstration « extrinsèque et rationnelle », puis une partie apologétique où le dogme est défendu contre « les sectes ennemies, les religions contraires, les philosophies hostiles. » L’auteur se compare aux restaurateurs du second temple, qui d’une main apportaient la chaux et les pierres, de l’autre brandissaient l’épée. » Son érudition est considérable. En deux ou trois pages, on trouve sous sa plume Moïse, le Talmud, les Védas, l’Avesta, Sénèque, Euripide, Maury, Pythagore, Gioberti, Hegel, Platon, Protagoras, Aristote, Hegel de nouveau, Héraclite, Empédocle, Plutarque, Zénon, le chanoine Döllinger, Renan, Malebranche, Dante, Jules Simon, etc. Inutile d’ajouter qu’il prend la Bible en bloc, sans faire de distinction entre les différentes parties quant à la date et à l’origine probables. Lorsqu’il aura achevé sa théologie, dont ceci n’est que le premier volume, il donnera au public un ouvrage où seront exposées « les futures destinées religieuses du genre humain », et qui aura pour titre Israël et l’Humanité.


P. Leopoldi Cecchi. Torquato Tasso, il pensiero e le belle lettere Italiane nel secolo xvi. — Lemonnier, Firenze, 1877. In-18, 433 p.

Après avoir étudié la vie du Tasse dans un volume intitulé « Torquato Tasso et la Vie italienne au xvie siècle, M. Cecchi aborde l’analyse de sa pensée et de son génie, avec le dessein avoué de faire connaître en même temps la pensée et le génie du siècle. L’auteur ne se fait pas d’illusion sur la valeur philosophique des conceptions qu’il expose ; il y cherche seulement des indices propres à compléter sur divers points ce qu’on sait du mouvement d’idées qui a signalé la Renaissance. Cette époque décisive dans l’histoire de l’esprit humain a été pour la première fois mise en lumière par les philosophes et érudits italiens, désireux de retrouver dans le passé les titres de la nationalité italienne. Leurs efforts ont eu pour résultat non-seulement de découvrir dans la Renaissance les antécédents directs des grands systèmes scientifiques et philosophiques du xviie siècle, mais de montrer que la Renaissance elle-même, loin d’être, comme l’a cru Cousin, le contrecoup soudain d’accidents historiques, a son germe dans les productions immédiatement antérieures qu’avait enfantées le sol même de l’Italie. Aucun des travaux de ce genre n’est donc indifférent, pourvu qu’il nous fasse profiter des recherches du même ordre et soit conçu d’après les procédés de la critique moderne. Ces qualités sont celles du livre que nous analysons. L’introduction à elle seule, où se trouvent passés en revue les plus importants travaux publiés sur la Renaissance dans ces dernières années, en est une preuve suffisante. Quant