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ANALYSESherbert spencer. — Principes de biologie.

ture n’ayant lieu qu’aux endroits où il se fait un changement dans la distribution des forces, il n’a pas lieu dans les organismes qui esquivent les changements dans la distribution des forces, par migration ou autrement. »

« L’accumulation de modifications qui aboutit à l’évolution considérée au point de vue de la structure est l’accompagnement des changements fonctionnels qui sont toujours nécessaires pour équilibrer les actions internes avec les externes. L’équilibre mobile des actions internes correspondant aux actions externes, qui constitue la vie d’un organisme, doit être détruit par un changement dans les actions externes, et subir des perturbations qui ne sauraient prendre fin tant qu’il ne s’est pas rétabli une balance de fonctions et une adaptation corrélative de structure. Partout où les changements externes sont susceptibles d’agir continuellement et fréquemment sur les individus, cette équilibration s’opère. »

« Mais, quand les changements externes sont de nature à détruire les individus qui les subissent et à les affecter de manière à ne pas troubler l’équilibre de leurs facteurs, le réajustement se fait au moyen des effets produits sur l’espèce considérée comme un tout : il y a équilibration indirecte. Grâce à la sélection naturelle, ou survie des plus aptes, grâce à la conservation dans les générations successives de ceux dont les équilibres mobiles se trouvent moins en désaccord avec les conditions externes, il se produit à la fin un équilibre modifié complètement en harmonie avec les conditions.

« II en résulte donc que l’évolution organique obéit aux lois universelles de la redistribution de matière et de mouvement auxquelles se conforme l’évolution en général. »

Telle est la thèse capitale de l’ouvrage. Après l’avoir établie de la façon qu’on vient de voir, M. Spencer la prend pour clef, et, en une longue série de chapitres pleins d’intérêt, il poursuit l’explication détaillée des phénomènes de développement morphologique et de développement physiologique. Il nous est impossible, dans les limites où nous devons nous tenir, d’analyser ces chapitres, qui ne sont pas les moins attrayants de l’ouvrage. Produire les conclusions générales où ils aboutissent, ce serait reproduire celles que nous venons de transcrire, puisque le développement structural et le développement fonctionnel sont également expliqués par les lois de l’évolution organique, et qu’ainsi il en sort de nouvelles preuves. Bornons-nous, pour terminer cette rapide exposition, à donner, d’après M. Spencer, les lois de la multiplication.

La vie est un équilibre mobile entre les forces internes et les forces externes ; que celles-ci s’accroissent et que celles-là diminuent, l’équilibre est rompu ; la mort s’ensuit. Il faut donc, pour que les individus et les espèces subsistent, que les uns et les autres possèdent le pouvoir de résister aux actions extérieures. Chez les individus, cette force de résistance est l’adaptation aux conditions nouvelles ; mais elle a des