Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
427
ANALYSESherbert spencer. — Principes de biologie.

fluence des réactions subies, on comprend, étant données les lois générales de l’évolution, par quelles voies les organismes se séparent et se multiplient. Et l’hypothèse acquiert un haut degré de probabilité, si l’on réfléchit qu’elle fait concorder les faits avec les premiers principes. « Quand nous voyons que les unités physiologiques dont nous nous trouvons obligés d’admettre l’existence sont justement les atomes plus intégrés, plus hétérogènes, plus instables et plus multiformes, qui résulteraient de la continuation du progrès qui aboutit à la substance organique ; quand nous voyons que les différenciations de ces atomes que nous supposons se produire dans des agrégats différemment conditionnés, et leur équilibration que nous supposons se produire dans les agrégats qui conservent des conditions constantes, ne sont que des corollaires des principes universels qui découlent de la grande loi de la persistance de la force ; quand nous voyons que la condensation de la vie dans les générations successives d’une espèce devient une conséquence de l’incidence continue de nouvelles forces sur l’espèce, pour remplacer les forces qui ne cessent d’aboutir rhythmiquement à l’équilibre, dans l’œuvre de propagation de l’espèce ; et quand nous voyons que ces phénomènes en apparence exceptionnels qui se manifestent dans la multiplication des êtres organiques prennent leur place parmi les résultats des lois générales de l’évolution, nous possédons des raisons valables d’admettre l’hypothèse qui nous fournit cette interprétation. »

Mais, si séduisante qu’elle soit, et malgré l’accord qu’elle établit entre les faits et les premiers principes, l’hypothèse a surtout une valeur théorique. On n’a pas isolé, dans les unités morphologiques ou cellules, ces unités physiologiques qui, au dire de M. Spencer, seraient des atomes plus complexes, plus hétérogènes, et par suite plus instables que les unités chimiques desquelles ils dériveraient par une intégration encore plus avancée. Dans l’être vivant, l’analyse découvre les cellules et les composés chimiques dont elles sont formées ; la science positive ignore comment se fait le passage des unes aux autres. Mais n’oublions pas que souvent une hypothèse heureuse provoque des recherches fécondes. Si les biologistes ne peuvent accorder entrée dans la science aux unités physiologiques, peut-être s’inspireront-ils de cette idée pour trouver la transition qui doit exister entre les éléments chimiques et les cellules. Ce ne serait pas la première fois qu’une hypothèse conçue pour les besoins d’une théorie générale, et dont les origines sont plus déductives qu’inductives, aurait servi aux progrès de la science positive.

Nous voici arrivés à la partie culminante de l’ouvrage : l’Evolution de la vie. Là doivent se trouver la confirmation inductive et la vérification déductive des lois générales de révolution.

Comment les corps vivants ont-ils été produits ? — Deux hypothèses sont en présence : celle des créations spéciales et celle de l’évolution.

La première a de graves défauts, qui suffiraient à la faire rejeter, alors