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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS




Herbert Spencer. Principes de biologie, traduit de l’anglais par M. E. Cazelles. Paris, Germer Baillière, 1877-1878, 2 vol. in-8o.

L’édition française des Principes de biologie de M. Herbert Spencer vient d’être terminée ; elle est due à l’habile et infatigable Dr E. Cazelles, un des écrivains de notre temps qui ont le mieux mérité de la science, en faisant passer dans notre langue les principaux monuments de la philosophie anglaise contemporaine. Cette traduction sera bien reçue, et ce sera justice ; pourtant elle a la mauvaise fortune de venir après celle des Principes de psychologie, que, pour suivre l’ordre encyclopédique de l’auteur, elle eût dû précéder, et au moment où l’attention du monde savant se porte sur la Sociologie, dont le premier volume a récemment paru[1]. Venue plus tôt et à son rang, c’est-à-dire après les Premiers Principes, elle eût excité plus de curiosité.

Les Principes de biologie ont, en effet, une place et une fonction déterminées dans le vaste organisme du système de l’évolution. Ils sont l’application aux phénomènes vitaux des lois générales exposées dans les Premiers Principes. À ce titre, ils offrent un intérêt spécial. C’est, en effet, dans le domaine de la vie que révolution a été d’abord et le plus nettement constatée ; il est donc particulièrement intéressant de voir la doctrine à l’œuvre sur les faits qui l’ont suggérée. Mais peut-être l’attrait du livre en est-il diminué. Les doctrines de Baër et de Darwin sont depuis longtemps populaires ; le terrain a été ici plus exploré que dans la psychologie et la sociologie ; il y a moins place aux vues originales, aux groupements nouveaux des faits, aux interprétations inédites ; la biologie, moins avancée que la physique et la chimie, offre cependant un corps de doctrines plus consistant que la science des phénomènes psychiques et celle des phénomènes sociaux. Pour cela, sans doute, quelques-uns ont trouvé que les Principes de biologie avaient une assiette mieux assurée que les Principes de psychologie, où, en l’absence de théories universellement acceptées, l’auteur était plus à l’aise pour grouper et interpréter les faits. Pourtant, comme on le verra bientôt, il restait à M. Spencer, malgré les limites que lui

  1. V. les articles de M. Henri Marion dans la Revue de janvier et de mai 1877.