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herbert spencer. — études de sociologie

sur ses fonctions. Les règlements politiques et ecclésiastiques qui au début s’occupaient surtout de la portion de la conduite de l’homme qui exprime l’obéissance aux maîtres divins et humains, se développent de plus en plus de manière à constituer des freins imposés par l’équité à la conduite des individus les uns envers les autres, et des préceptes moraux pour la direction de cette conduite : et par là ils empiètent de plus en plus sur le domaine de l’organisation cérémonielle. En France, les hérauts n’avaient pas seulement les fonctions semi-sacerdotales que nous avons indiquées, ils étaient aussi « juges des crimes commis par la noblesse ; » ils avaient le pouvoir de dégrader un noble félon ; de prononcer la confiscation de ses biens, de raser ses châteaux, de condamner ses terres à demeurer en friche, et de le dégrader des armes. En Angleterre, aussi, ces officiers de cérémonies s’acquittaient de certaines charges civiles. Jusqu’en 1688, les rois d’armes provinciaux « inspectaient leurs princes et recevaient pour cela des commissions du souverain ; dans leurs tournées, ils enregistraient dûment aux archives du collège des hérauts les certificats de décès, les généalogies, les alliances de la noblesse et de la gentry. » Ces pièces faisaient foi devant les cours de justice. Évidemment c’est parce que les agents ecclésiastiques et politiques se sont emparés de ces diverses fonctions, que ces deux genres d’autorité ont concouru à réduire l’appareil cérémoniel aux vestiges qu’on peut voir encore aujourd’hui, c’est-à-dire à un collège de hérauts à peu près oublié, et aux officiers de la cour qui président aux rapports avec le souverain.

Avant de passer à un exposé détaillé des diverses parties du gouvernement cérémoniel, il convient de résumer l’examen sommaire que nous venons de faire de cette question.

Le genre de gouvernement de la conduite que nous appelons cérémonie, précède les gouvernements civil et ecclésiastique. Il a ses commencements chez les types vivants inférieurs à l’homme ; on le constate chez les sauvages qui n’ont pas d’autre forme de gouvernement ; il prend souvent un grand développement dans les pays où. les autres genres de gouvernement sont peu avancés ; il se reproduit toujours spontanément entre les individus dans toute société ; enfin il enveloppe les formes d’autorité plus définies que l’État et l’Église exercent. Ce qui montre encore que le gouvernement cérémoniel est primitif, c’est d’abord que les gouvernements religieux et politique ne font guère autre chose que de conserver les cérémonies en usage instituées en l’honneur de certaines personnes vivantes ou de certains morts : les codes de lois imposés par l’autorité civile, et les codes de morale promulgués par l’autorité religieuse, viennent plus tard. Nous en trouvons encore une autre preuve en ce que les trois