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périodiques. — Vierteljahrsschrift.

des classifications fît place à celle de l’enchaînement causal. L’astronomie n’a été délivrée que par Kant, Laplace et Thomson ; la géologie, que par Lyell ; les sciences biologiques enfin, par Darwin, de l’ancien préjugé. — La totalité des sciences se présente à nous, dans le passé, comme un vaste système de séries de relations soit causales, soit logiques. La première question qu’il convient de se poser est d’examiner si la recherche des relations purement logiques doit encore avoir sa place dans la science. Incontestablement, pour les sciences qui étudient des éléments semblables, comme les mathématiques. Ces dernières se diviseront en science de la grandeur continue ou analyse, et science de la grandeur discontinue ou algèbre : à la première est subordonnée la géométrie ; à la seconde, l’arithmétique. Dans toutes, on va du général au particulier par voie déductive : on y suit donc un ordre logique. — Les sciences qui recherchent des relations de cause à effet n’opèrent plus, comme les précédentes, sur des éléments semblables : la cause et l’effet ne sont pas des concepts identiques. L’ordre causal remplace ici l’ordre logique. Mais c’est autre chose de déterminer les lois constantes, qui président à l’évolution des faits, autre chose d’analyser les processus variés qui résultent de l’action des lois générales. Il y a donc lieu de distinguer ici les sciences formelles des sciences historiques. — Cette distinction faite, nous avons à nous demander si l’ordre causal est un ou plusieurs ; si, en d’autres termes, le déterminisme psychique est identique au déterminisme physique. On sait les nombreuses hypothèses qui ont été faites pour supprimer le dualisme des causes : il paraît plus sage de s’y tenir jusqu’à nouvel ordre. — La division reçue des sciences de la nature en physique et chimie est tout à fait provisoire. Nous ne sommes pas encore en état de ramener à des lois les mouvements moléculaires qui régissent les actions et les réactions chimiques. Mais la théorie mécanique de la chaleur est un premier pas fait dans cette voie. — Après ces considérations sur les sciences formelles, Erdmann passe aux sciences historiques de la nature. La première est l’astronomie. Ce n’est que depuis peu qu’elle a été considérée comme une science historique. On a compris que les astres sont soumis à la loi de l’évolution, qu’ils ont leur histoire, comme les organismes, depuis que la théorie de la conservation de l’énergie et la découverte de l’analyse spectrale sont venues apporter de nouvelles confirmations à l’hypothèse de Kant et Laplace, depuis que les théories sur le rapprochement graduel de la terre du soleil par l’effet des marées, sur la diminution de la chaleur solaire, enfin sur le maximum de l’entropie ne permettent plus de croire à la stabilité, à l’immobilité du monde astronomique. — À Lyell revient la gloire d’avoir démontré, à son tour, que la géologie est aussi une science historique, et que son objet est de rechercher les processus qui ont conduit notre terre à son état actuel et la réuniront un jour au soleil, d’où elle est sortie. — La géologie a sous sa dépendance l’anorganologie et l’organologie. La matière et la vie sont régies par les mêmes lois physiques et chimiques,