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étude plus complexe et plus difficile ne doit venir qu’après la cosmologie céleste, les mathématiques, la géographie, la physique et la chimie. C’est ainsi que l’humanité est restée longtemps livrée aux études cosmologiques et inorganiques avant de saisir les lois biologiques et les lois historiques. Le développement intellectuel de l’individu doit être le même que celui de l’humanité, c’est là un principe cher aux partisans de l’évolution. Il est clair que dans ce cas l’étude de l’histoire sera postérieure aux autres ; nous ne savons pas si la raison est bien bonne, et si l’intelligence de l’enfant ne comprendra pas mieux d’abord les faits concrets de l’histoire que les lois abstraites de la mécanique céleste. L’étude des langues étrangères avec leurs mots usuels, accessibles à l’esprit de l’enfant, doit précéder l’étude des langues mortes plus savantes et toutes littéraires. Sur ce point l’expérience se fait en ce moment chez nous dans une grande école, et sous peu nous verrons, ce que nous sommes disposés à croire, si l’expérience confirme les vues de l’auteur. Enfin, comme Platon, il donne une grande part dans l’instruction primaire et dans l’instruction secondaire à la musique. Les notions morales doivent être données aussi dès l’instruction primaire, d’une morale positiviste bien entendue qui développera les sentiments altruistes. Nous ne chicanerons pas sur les mots, nous reconnaissons que de très-bons esprits souhaitent qu’une morale philosophique s’adresse de bonne heure à la raison de l’enfant en même temps que la religion parle à son cœur.

Les lectures, les modèles d’écriture serviraient à cet effet. Mais nous ne pouvons entrer dans le détail. Qu’il nous suffise d’avoir donné une idée du livre de M. Robin et de ses rapports avec l’ouvrage de Herbert Spencer sur le même sujet. En voyant ces efforts dans une même direction chez des penseurs indépendants, en présence des essais plus ou moins complets pour appliquer les nouvelles théories sur l’éducation, il nous semble que l’ère des révolutions est proche en pédagogie. Souhaitons que, s’il doit y avoir progrès, il s’accomplisse là comme ailleurs plutôt par évolution.

E. de L.