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herbert spencer. — études de sociologie

lution, que la colonne vertébrale a pris place dans l’organisation à une époque plus reculée que le cœur à quatre cavités, les dents implantées dans des alvéoles, les mamelles, signes distinctifs de l’un de ces groupes, ou que le bec édenté, le cœur triloculaire et les plumes, signes distinctifs d’un autre groupe, et ainsi de suite. En appliquant cette méthode au sujet qui nous occupe on peut conclure que si les trois autorités, civile, religieuse, sociale ont des caractères communs, ces caractères étant plus anciens que ces genres d’autorité actuellement différenciés, ont dû appartenir à l’autorité primitive d’où ceux-ci sont sortis. Il faut donc que les actes cérémoniels soient de la plus haute antiquité, car on les retrouve dans tous ces genres différenciés d’autorité.

Les présents : voilà un des actes qui témoignent de la subordination envers un chef dans les temps primitifs ; c’est un rite religieux qu’on accomplissait dans le principe sur les tombeaux, et dont on s’est acquitté plus tard sur l’autel ; dès le début, ce fut un moyen de montrer de la considération dans les relations sociales et de s’assurer la bonne volonté d’autrui.

Les salutations : il y en a de plusieurs espèces ; elles servent à exprimer le respect à des degrés divers, aux dieux, aux chefs, aux particuliers : tantôt on voit les gens se prosterner, soit dans le temple, soit devant la personne du monarque, soit devant un homme puissant ; tantôt on les voit fléchir les genoux en présence des idoles, des princes, des autres sujets ; tantôt la salutation orale s’emploie plus ou moins dans les trois cas ; tantôt on se découvre la tête en signe de culte, de vassalité et de respect ; et tantôt c’est une inclinaison du corps qui sert à ces trois fins. Il en est de même des titres : le nom de père est un titre d’honneur qu’on donne à un dieu, à un roi, à un individu qu’on honore ; de même le nom de seigneur, et divers autres. La même chose est vraie encore de propos plus humbles : les professions d’infériorité et de soumission sont dans la bouche de l’homme des moyens de s’assurer la faveur divine, la faveur d’un prince, et la faveur d’un particulier. Il en est encore de même des paroles de louange : un élément qui tient une place considérable dans le culte consiste à entretenir la divinité de sa propre grandeur ; on parle aux monarques absolus en termes d’une flatterie exagérée ; et dans les relations sociales où les cérémonies dominent on adresse aux particuliers des compliments extravagants.

Dans beaucoup de sociétés moins avancées, et aussi dans les sociétés plus avancées qui ont conservé des types primitifs d’organisation, nous rencontrons d’autres exemples d’observance exprimant la subordination, et communs aux trois genres d’autorité, civile, religieuse et sociale. Chez les Malayo-Polynésiens, l’offrande des pré-