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VARIÉTÉS




UN THÉOLOGIEN PHILOSOPHE

DAVID FRÉDÉRIC STRAUSS[1]




David Friedrich Strauss ; Gesammelte Schriften, t. I, Bonn, E. Strauss, 1876. — D. F. Strauss in seinem Leben und Schriften geschildert, von E. Zeller, Bonn, 1874. — Philosophie und Naturwissenchaft zur Erinnerung an D. F. Strauss, von C. F. Reuschle, Bonn, 1874.

La vie d’un auteur est le commentaire et souvent la clef de son œuvre. Ceci s’applique surtout aux esprits plus fins que forts, qui, saisissant toujours le côté intéressant des doctrines, n’ont pas assez raisonné leurs premiers enthousiasmes et ont eu peine à trouver leur assiette définitive. Strauss paraît être du nombre de ces esprits ; qui ne connaît pas l’histoire du développement de ses idées pourrait prendre ses tâtonnements pour des contradictions. L’unité d’une pensée qui commence par le mysticisme, se continue par l’hégélianisme et aboutit à la « philosophie de l’univers », échappe au premier examen ; les lumières de la biographie sont ici plus qu’utiles, elles sont indispensables.

I. — David-Frédéric Strauss naquit à Ludwigsburg, dans le royaume de Wurtemberg, le 27 janvier 1808. Son caractère doux et un peu timide, la délicatesse de son tempérament le désignaient naturellement à l’état ecclésiastique. Ses parents, protestants fervents, le placèrent à l’âge de treize ans au séminaire évangélique de Blaubeuren. Cette institution, qui datait du xvie siècle, était une sorte de pépinière où se recrutaient les étudiants en théologie de l’Université de Tubingue. Après quatre années d’études préliminaires, Strauss entra dans cette Université ; il devait y étudier la philosophie avant d’aborder la théologie. Malheureusement, l’enseignement philoso-

  1. Le premier volume des Œuvres réunies de Strauss comprend ses intéressants mémoires littéraires (Litterarische Denkwürdigkeiten), jusqu’à présent inédits, et quelques opuscules de moindre importance La biographie de M. Zeller, œuvre consciencieuse d’un ami intime de Strauss, nous a été d’un grand usage ; quant au travail de M. Reuschle, il ne touche réellement à notre sujet que dans les premières et les dernières pages.