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delbœuf. — la loi psychophysique

diaires. C’est ce qui occasionne la difficulté de la lecture par un jour trop clair ou trop sombre, parce que alors les caractères ne tranchent plus suffisamment sur le fond du papier. Vue au crépuscule ou bien éclairée directement par un ardent soleil, une colline même fortement accidentée et présentant une série de plans étages n’offre plus au regard qu’une pente uniforme, et les sinuosités disparaissent.

Essayons de recourir aux chiffres pour faire comprendre la nature de ces résultats. Supposons que, quand la lumière est le plus favorable — nous verrons tantôt ce qu’au juste ces mots veulent dire — les éclats relatifs des trois anneaux soient , progression géométrique dont la raison est . Quand la lumière sera une fois moindre, ces éclats seront entre eux comme . Mais alors le contraste sera trop faible eu égard au contraste . Pour le rendre sensiblement égal, il faudra, par exemple, le remplacer par le contraste . Diminuons encore la lumière dans la même proportion ; nous aurons maintenant des éclats réels qui seront entre eux comme les nombres . Le contraste doit être, nous venons de le voir, remplacé par  ; mais cette fois le contraste est, à son tour, trop faible ; il faudra lui substituer un contraste plus fort, par exemple  ; et ainsi de suite. De même, si l’on double l’intensité du jour, aux deux contrastes succèdent les suivants :  ; mais l’opposition sera trop petite pour l’opposition , et on devra la remplacer par une opposition telle que . De même, en continuant à doubler la puissance de l’éclairage, au lieu du contraste , on devra mettre un contraste se rapprochant de , et ainsi de suite. En résumé, si l’on construit une série d’anneaux, au nombre de neuf par exemple, contrastant entre eux d’une manière semblable, et si l’on suppose que l’éclat des quatrième, cinquième et sixième anneaux est précisément celui que réclame l’action normale de la sensibilité, au lieu de la progression géométrique suivante : , exigée par la loi de progression qui est au fond celle de Fechner, on aura une série analogue à celle-ci : , qui, dans sa physionomie, montre l’action de la loi de la tension. On voit qu’à partir d’un certain point où la raison de la progression est , cette même raison va en augmentant dans l’un comme dans l’autre sens.

Il résulte de là que la faculté de juger les contrastes atteint son plus haut degré sous un jour déterminé. La lumière devenant plus vive ou plus faible, l’importance relative des oppositions est modifiée ; certaines d’entre elles sont notablement affaiblies et vont même jusqu’à s’évanouir. De plus, dans l’un comme dans l’autre cas, l’œil