Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, V.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
périodiques. — Mind.

Politique s’occupe des actes et se pose à leur sujet cette question : coupables ou innocents ? La morale s’occupe des motifs et se pose à leur sujet cette question : bons ou mauvais ? C’est donc l’intériorité (Inwardness) qui peut servir de critérium pour distinguer la morale de la politique. — De ces principes, l’auteur déduit la nature politique de l’utilitarisme, qui ne peut pas être considéré comme un véritable principe moral.

T. M. Lindsay. Contributions hégéliennes à la philosophie anglaise : écrit à propos de l’édition de Hume par MM.  Green et Grose (1874), de l’article Descartes de l’Encyclopaedia Britannica (1876) et de l’ouvrage de Gaird : A critical account of the Philosophy of Kant (1877). — Hegel, banni d’Allemagne, a trouvé un refuge en Angleterre et en Amérique où ses disciples forment une petite école très-active. Ce qui caractérise surtout les Hégéliens c’est que leurs traités sont historiques et critiques, et par là ils se distinguent des purs Anglais qui écrivent surtout des œuvres dogmatiques. L’apport que les Hégéliens ont fait par leurs écrits à la philosophie anglaise peut se formuler ainsi : 1° Toute philosophie digne de ce nom ne constitue un progrès qu’à condition de s’être assimilé complètement les trésors du passé : il y a une méthode historique en philosophie comme dans les autres parties de la connaissance humaine. 1° Le philosophe ne doit pas isoler son problème ou, s’il le fait, il doit en avoir conscience. Toute question doit être considérée dans ses rapports avec les autres. D’après M. Green, cette position des problèmes à l’état d’isolement est un défaut qui prévaut dans la psychologie ordinaire, telle qu’elle est représentée par Locke, qui considère l’esprit comme un sujet individuel, posé à part.

M. Wundt donne un tableau très-intéressant de la situation actuelle de la philosophie en Allemagne. Nous l’exposerons avec quelque détail.

On peut d’abord se demander s’il existe dans la philosophie allemande de grands courants ou s’il n’y a pas plutôt un certain nombre de petits ruisseaux. Ce qui est certain, c’est que les travailleurs sont nombreux, c’est que les grandes doctrines de la première moitié du siècle sont déchues et que la spéculation philosophique a passé du cercle restreint des Universités à un plus grand public. — Si l’on examine tout d’abord l’enseignement, on verra que la métaphysique, si prépondérante avec Fichte, Schelling, Hegel, Herbart et leurs disciples, s’efface de plus en plus, pour faire place à l’histoire de la philosophie, à la logique et à la psychologie, comme le prouve le tableau suivant, qui contient le relevé des divers cours de philosophie faits dans les Universités allemandes, pendant ces trois dernières années :

Hist. de la philos. Logique. Psych. Métaph. Morale.
Hiver 1874-75. n34 n21 n17 n7 n6
Été 1875. n39 n22 n23 n5 n3
Hiver 1875-76. n37 n27 n18 n8 n9
Été 1876. n35 n17 n23 n6 n3
Hiver 1876-77. n39 n24 n22 n8 n9
Été 1877. n32 n20 n17 n5 n2
216 131 120 39 32