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ANALYSESmiraglia. — Filosofia del diretto.

facile de la démêler. Cette réserve faite, nous reconnaissons volontiers les mérites de la consciencieuse étude que nous analysons. Il n’est point une doctrine économique et sociale émise de nos jours en France, en Angleterre, en Allemagne ou en Italie, qui échappe aux investigations et à l’examen de l’auteur, qui ne soit caractérisée et jugée par lui avec autant d’impartialité que de clairvoyance. Les anciens économistes italiens figurent avec honneur dans cette revue et l’on n’est pas fâché d’avoir pour guide un Italien dans l’analyse de leurs théories, dût-on faire la part de l’entraînement patriotique. Et surtout il ne déplaît pas que cet historien de l’économie politique dans ses principes soit un esprit philosophique accoutumé à envisager de haut les faits et les idées. Le critérium par lequel il juge les doctrines nous paraît le véritable ; car la question est, en effet, de savoir si l’objet de la science sociale est un être vivant ou un appareil artificiel, si l’individu est le premier et le dernier mot de cette science ou si elle n’aspire pas à découvrir les lois d’une conscience collective supérieure aux individus, quoique résultant de leur concours. Quant aux solutions qu’il adopte, elles témoignent d’un idéalisme profondément pénétré des données de l’expérience et d’un libéralisme en harmonie parfaite avec les nécessités de gouvernement. Les dernières pages sont vraiment fort originales : les partisans de la méthode expérimentale appliquée aux sciences politiques ne les liront pas avec moins de satisfaction que les psychologues désireux de sauver la liberté des envahissements de la statistique.

A. Espinas.