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ANALYSESmiraglia. — Filosofia del diretto.

que conformément à ses organes ; et dès lors le désir n’est-il pas tout simplement le « dernier fonds du corps ? » Nous n’en conserverons pas moins cette belle conclusion de l’auteur : « Qui aime le plus, vit le plus, le tout est d’aimer ce qui est humain. »

C’est d’ailleurs la conclusion de tout l’ouvrage : elle est particulièrement développée dans la deuxième et dernière partie du livre où M. Dollfus envisage « l’âme dans le phénomène religieux et dans le phénomène moral. » Il y a deux grandes manières de concevoir Dieu, soit comme infini, soit comme idéal : l’auteur part de la première conception, mais pour arriver et s’arrêter bientôt à la seconde, sans expliquer assez nettement comment il a effectué ce passage. Ses arguments en faveur de l’existence de Dieu ne diffèrent pas essentiellement de ceux qui ont été tant de fois développés par les métaphysiciens : toutefois il se sépare des philosophes intellectualistes par la place qu’il accorde au cœur et au sentiment. « J’appelle religieux, dit-il, tout sentiment qui fait qu’un homme triomphe de l’égoïsme et brave la mort… La raison, l’amour, la justice sont les formes de l’unité et du divin en nous. Sentir dans sa conscience la justice, l’amour dans son cœur, la raison dans sa pensée, y aspirer de toute son âme, c’est pour un homme être religieux, dût-il nier Dieu et l’âme elle-même… Il se trouve donc en dernière analyse que les lois morales sont la vraie religion de l’homme. Partant de ces principes, M. Dollfus est loin de croire à la disparition de la religion, il estime au contraire que tout devient religieux dans la pensée des modernes : science, industrie, art, politique, morale ; il applaudit à la transformation de l’idée de Dieu, que nous voyons aux prises avec les sectes et les dogmes « nés de l’idée enfantine du miracle. » S’il admet l’immortalité de l’âme, il rejette aussi bien le paradis que l’enfer : il croit plutôt, comme Leibniz, à une succession de vies de plus en plus heureuses, en raison des progrès accomplis dans la vertu. Enfin, il essaie de résoudre le problème du mal en l’expliquant par le conflit des lois naturelles. Sans insister plus longtemps sur ces considérations, nous nous contenterons de faire remarquer que les théories religieuses de l’auteur se rapprochent sur beaucoup de points de celles que développe aujourd’hui le protestantisme libéral : par là encore son livre mérite l’attention du philosophe.

Beurier.

Luigi Miraglia : I principii fondamentali di diversi sistemi di filosofia del diretto e la doctrina etico-giuridiga di hegel. — Napoli, F. Gianni éd. 1873. — Le due fasi della scienza economica in rapporto allo svolgimento della filosofia moderna. — Napoli, Perroti.

M. Miraglia appartient à l’école des Hégéliens tempérés que Spaventa a fondée à Naples vers 1860 en opposition d’une part avec les Giobertistes, d’autre part avec les Hégéliens purs. Le droit et l’économie