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ANALYSESdollfus. — L’âme dans les phénomènes, etc..

tiques de l’avenir : il s’agit de déterminer les diverses idées de l’État qui ont tour à tour occupé, possédé l’esprit de Platon, l’ordre où elles se sont succédé, le progrès qui s’y marque.

Telle est la thèse de M. Krohn, Les preuves dont il se sert pour la justifier échappent à toute critique d’ensemble : ce sont des discussions de textes, très-minutieuses, très-subtiles. M. Krohn fait preuve d’une parfaite connaissance matérielle de son auteur, et d’une grande ténacité d’esprit dans la poursuite des moindres indices. Ceux qui s’occupent du texte de Platon et de Xénophon liront avec profit, quoique non pas sans peine, ces discussions. Mais surtout ce serait un exercice des plus utiles pour un commençant, de les reprendre point par point : il y aurait là un cours complet, et intéressant, d’exégèse platonicienne.

Burdeau.

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Charles Dollfus : L’ame dans les phénomènes de conscience. Paris, librairie Germer Baillière, 1876.

Sans répondre complètement aux espérances que pouvait faire concevoir le nom sympathique et respecté de l’auteur, l’ouvrage de M. Charles Dollfus sur l’Âme dans les phénomènes de conscience offre cependant un certain intérêt. M. Dollfus est moins encore un philosophe de profession, qu’un ami de la philosophie : esprit éminemment libéral, très-curieux de toutes les choses de la pensée, tout pénétré des méthodes scientifiques, et en même temps profondément religieux, il veut faire à la religion, à la métaphysique et à la science leur juste part et montrer comment la connaissance de l’âme est appelée à concilier leurs prétentions, en apparence diverses.

Que l’âme existe, c’est ce qui résulte pour l’auteur du fait de la sensation ou plutôt, puisqu’aucun phénomène n’est, ni ne saurait être isolé, de la suite des sensations. Les faits de conscience étant reliés par un sujet, la chose qui perçoit ce lien ne peut être qu’un centre conscient : ce qui voit la résultante pourrait-il être la résultante elle-même ? La synthèse des phénomènes psychologiques ne s’explique donc ni par un simple concours organique, ni par le cerveau qui n’est qu’un composé de cellules : Il faut nécessairement recourir à une force simple, unificatrice. C’est là, dira-t-on, de la métaphysique. Assurément, mais quand l’homme cessera de faire de la métaphysique, il cessera de penser. Est-ce que les physiciens eux-mêmes n’en font pas constamment, quand ils parlent des forces et de la corrélation des forces ? « Il est au moins bizarre, dit M. Dollfus, que ceux qui ont sans cesse à la bouche les mots d’affinité, de gravitation, de vie, placés en face d’un phénomène de sensation, se refusent à reconnaître l’existence d’une âme qui pourtant a sur les entités idéales, vues par l’esprit seul, le privilège de se sentir être dans le moindre des phénomènes conscients. » Quand on fait appel à la matière pour expliquer le moral de