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ANALYSES. — siérebois.Psychologie réaliste.

fibre et en détache une molécule spéciale. Le jugement affirmatif ou négatif provient de l’attraction ou de la répulsion des molécules. Veut-on savoir en quoi consiste la poésie ? C’est bien simple : il suffit de supposer qu’une molécule d’abord indécise, s’est mieux dessinée, qu’elle s’est fortifiée par l’habitude, qu’elle a fini par acquérir des forces attractives et répulsives très-intenses, et qu’alors elle projette des effluves électriques sur toutes celles qui l’entourent et sur les fibres nervales et musculaires.

Nous en avons dit assez pour faire comprendre ce genre d’explication. Cet ouvrage, après tout, est un résumé clair et bien conduit de la vieille théorie atomistique de la connaissance un peu rajeunie par quelques arguments nouveaux tirés des faits d’hérédité et d’atavisme. Du reste l’auteur est tolérant et modeste. « Il ne faut rien affirmer, dit-il, qu’avec le sentiment de notre faillibilité, ce qui doit toujours nous rendre indulgents, tolérants, conciliants. » Nous ne voulons pas, de notre côté, être trop sévère pour lui, mais vraiment est-ce bien la peine de venir reprendre la théorie des idées-images de Leucippe combinée avec celle des esprits animaux de Descartes ? M. Siérebois ne voit-il pas que, sous prétexte de « réalisme », il fait de la pure métaphysique et non de la plus originale ni de la meilleure ? Les « molécules idéelles » ne feront pas plus avancer l’étude expérimentale de l’âme que le « jet spontané » de M. Simonin.

A. B.