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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS


A. de Quatrefages. L’Espèce humaine : 1 vol. in-8o, Bibliothèque scientifique internationale, — Paris. Germer Baillère et Cie.


Les philosophes, nombreux aujourd’hui, qui ne croient pas que la philosophie puisse, sans préjudice pour elle-même, négliger les enseignements de la science, ne peuvent manquer d’accueillir avec reconnaissance les belles publications de la Bibliothèque Scientifique internationale. Cette remarquable collection, en effet, nous fait connaître exactement, par une suite d’ouvrages dus aux savants les plus compétents et signés presque tous de noms illustres, l’état présent des différentes sciences, particulièrement des plus jeunes et de celles qui ont été de nos jours le plus profondément renouvelées. C’est aux sciences naturelles qu’est faite de beaucoup la plus grande part ; mais ce sont elles précisément qui intéressent le plus directement le philosophe.

Le volume qui a pour titre l’Espèce humaine est l’œuvre de M. de Quatrefages. Personne ne pouvait avec plus d’autorité dire ce qui est actuellement acquis à l’anthropologie en fait de connaissances positives, exposer sur les points douteux les hypothèses en présence, résumer les débats pendants. Si les sciences neuves demandent à être exposées par un esprit au courant de toutes les recherches récentes et ouvert aux nouveautés, il faut, d’autre part, qu’un livre qui a pour objet de retracer l’état exact d’une science à un moment donné, soit écrit par un homme d’un vaste savoir, capable de critique, équitable pour toutes les opinions, troublé le moins possible par les passions du jour. Le savant professeur d’anthropologie du Muséum, quoiqu’il se sépare souvent avec une franchise bien connue des doctrines les plus en faveur, ne sera, croyons-nous, récusé sérieusement par personne. Attaché aux traditions de nos grands naturalistes, mais en même temps curieux de toute innovation, ni ennemi ni dupe des hypothèses brillantes, circonspect sans timidité, libre de préventions étrangères à la science, n’en appelant jamais qu’à l’observation et à l’expérience, on trouverait difficilement un savant plus fidèle à la vraie méthode, au véritable esprit scientifique. « En réfutant les doctrines, dit-il lui-même, j’ai toujours respecté les hommes et rendu justice à leurs tra-