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gion ou de la théologie, comme Heinrich Lang, Vischner, Gustave Zæger, Et cependant Darwin et Wallace, Mivart et Anderson, von Baer, Braun et Braubach, professent hautement que leur foi religieuse n’a rien à redouter des conséquences du Darwinisme.

En morale, nous n’observons pas une moindre diversité d’opinions et de tendances parmi les darwiniens.

L’auteur, tirant parti des hésitations, des lacunes, des contradictions des doctrines scientifiques ou philosophiques, auxquelles le Darwinisme sert de commun principe, entreprend dans la dernière partie de son livre, de concilier avec les croyances de sa foi religieuse et morale les principes et les conséquences du Darwinisme. Mais cette partie dogmatique est beaucoup moins instructive que l’étude historique, dont nous avons reproduit les traits principaux.

En résumé, malgré une grande confusion dans les détails, malgré bien des appréciations ou hasardées ou inexactes, et surtout une tendance malheureuse à compter les suffrages plutôt qu’à les peser, pour les opposer les uns aux autres, le livre du pasteur Schmid peut être utile à consulter. Mais il faut moins lui demander des jugements que des informations.

D. Nolen.

Roberto Ardigò. — La psicologia come scienza positiva. Mantova, V. Guastalla, 1871. (In-12, 439 p.)

Le positivisme est moins un système qu’une manière de penser. Il y a des positivistes de plusieurs sortes. Les uns s’en tiennent à l’enseignement d’A. Comte ; les autres rejettent la seconde partie de cet enseignement ; c’est entre ces deux groupes que se partagent les positivistes français. En Angleterre la même philosophie s’appelle philosophie de l’évolution. Pour ne parler que du chef de cette école, on sait que Spencer a pris soin de marquer lui-même les graves différences qui séparent son système de celui de Comte. La plus saillante est que celui-ci passait sous silence les problèmes métaphysiques, allant tout droit à la cosmologie, tandis que son émule bien plutôt que son disciple, avant de chercher les lois générales de l’évolution, aborde les questions métaphysiques, les discute longuement, et construit toute une théorie de l’absolu pour démontrer qu’il est inconnaissable. En général les positivistes français inclinent à nier qu’il y ait quelque chose au-delà des phénomènes, et les positivistes anglais insistent pour que la question reste ouverte, quand ils n’y répondent pas affirmativement. D’autres variétés de positivismes sont encore possibles et se feront jour certainement : le mouvement inauguré par Kant, et dont le positivisme n’est que la suite, se continuera sans aucun doute. Une