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« De ce que nous venons d’indiquer, il paraît résulter que c’est toujours la température de la zone médiane qui l’emporte sur celles des autres zones. Il paraît donc que les impressions sensibles, quoique réagissant sur tout le cerveau, ont une influence plus marquée sur la partie moyenne de chacun des hémisphères, et que si l’on compare la partie interne avec la partie externe, c’est la première qui se montre le plus active au moment d’une excitation sensitive du corps… Comme on le voit, il ressort de ces expériences qu’en général une excitation sensitive agit sur les deux hémisphères et, à ce qu’il paraît, d’une manière à peu près égale. Ce fait est d’accord avec les données de l’expérimentation directe et de l’anatomie pathologique, qui prouvent que les deux hémisphères cérébraux n’ont pas de fonctions distinctes, ne sont pas dans une relation différente avec les deux côtés du corps[1]. »

M. Schiff termine ses expériences sur des animaux narcotisés en essayant de constater l’effet calorifique d’une irritation des sens supérieurs ; c’est l’ouïe qu’il met à l’épreuve. Il observe que le son strident d’un sifflet fait dévier le miroir dans l’un ou dans l’autre sens, avec une rapidité et dans une étendue telles qu’il est très-facile de distinguer la nouvelle impulsion des oscillations précédentes, si celles-ci avaient encore existé avant l’irritation. « Je ne suis parvenu que onze fois à constater le phénomène en question, avec toute la rigueur désirable… probablement il faut un degré déterminé de la narcotisation pour que l’ouïe soit encore excitable au juste degré qu’exige cette expérience… Dans huit de ces observations le sens de la déviation était le même que celui qui se voyait après une excitation cutanée des membres ; dans les trois autres, le miroir déviait en sens opposé. Dans ces trois cas, les aiguilles étaient fixées dans les lobes postérieurs des deux hémisphères. — On verra, plus tard que si l’effet calorifique des excitations auditives ne s’est montré que rarement et, pour ainsi dire, exceptionnellement chez les animaux narcotisés, il devient au contraire un phénomène des plus faciles à constater chez les animaux préparés d’après une autre méthode (non-narcotisés). Mais, alors déjà, je pouvais conclure de mes expériences que l’excitation d’un des sens supérieurs peut, dans ces conditions favorables, c’est-à-dire si elle arrive encore jusqu’au cerveau, produire une déviation de température de cet organe, et il restait seulement douteux, si ce dégagement de chaleur était l’expression de la conduction de l’excitation vers le centre proprement dit ou celle d’une action réflexe, d’un acte psychique, produit par cette excitation après son arrivée au point central. »

  1. Archives de physiologie, janvier-février 70, p. 24, et mars-avril 70, p. 198.