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s’élever, ont été et sont encore ses compagnons et ses aides. Et notre sympathie ne s’attache pas aux contemporains seulement, mais aussi à cette plus grande portion de la race qui constitue le Passé. Nous commémorons avec reconnaissance les services de toutes les générations dont nous recueillons les travaux, et que nous désirons transmettre avec accroissement à nos successeurs. Nous commémorons aussi avec gratitude les services de notre mère commune, la Terre, la planète qui est notre demeure, et avec elle les globes qui forment le système solaire. Nous devons ne pas séparer de cette dernière commémoration celle du milieu dans lequel le système se meut, l’Espace, dont l’utilité pour l’homme a toujours été si grande et dont nous désirons si distinctement reconnaître et utiliser les services dans notre éducation intellectuelle et morale. Du Présent et du Passé nous étendons nos sympathies au Futur, aux générations à naître qui doivent nous suivre sur cette terre avec un meilleur sort, et dont la pensée doit être constamment présente à nos esprits afin de compléter la conception de l’Humanité, telle qu’elle a été révélée à l’homme par le Fondateur de notre Religion. La mémoire de son plus grand serviteur, Auguste Comte, trouve sa place convenable en ce jour de sa plus grande Fête, puisque celle-ci est consacrée au souvenir de tous ceux qui l’ont servie, connus ou inconnus, au souvenir de tous les résultats qu’ils ont accomplis.

« Ô le plus sage et le plus noble des maîtres ! Puissions-nous tous qui nous proclamons tes disciples, animés par ton exemple, supportés par ta doctrine, guidés par ta construction, affronter tous les obstacles que l’indifférence ou l’hostilité jettent sur notre route ; et au milieu de cet âge révolutionnaire, sans être avilis par aucun espoir de récompense, ni détournés par le mauvais succès de nos efforts, poursuivre avec des sentiments d’humble vénération, la grande œuvre à laquelle ta vie a été consacrée — l’œuvre de la régénération humaine. »

Cette prière a été suivie du sermon dont les points les plus saillants peuvent se résumer ainsi : La société est dans un état de désorganisation. On remarque partout une lutte de classe contre classe, de nation contre nation, de religion contre religion. Cela paraît devoir finir par une lutte universelle. Le Fétichisme, le Christianisme, l’Islamisme, ont accompli leur tâche ; ils sont maintenant épuisés et ne peuvent plus soutenir la lutte contre les influences modernes. La diplomatie en est à sa dernière tentative dans l’Est, tentative qui est presque certaine d’échouer.

L’Industrie produit la séparation des classes et des nations plutôt que leur union. C’est à la Religion de l’Humanité qu’il faut avoir recours, comme étant le seul instrument qui puisse servir de lien parmi les hommes. C’est donc vers le côté religieux du système de Comte que nous devons concentrer toute notre énergie. Tout le reste n’est que secondaire. Nous devons prêcher la nouvelle religion qui repose sur le culte non d’un Dieu imaginaire, mais de l’homme collectif, c’est-à-dire